La rentrée des classes est passée. La routine peut s’installer. Pour certains parents, elle est synonyme de marathons quotidiens et plutôt matinaux. Le petit déjeuner familial est certes l’occasion de se poser quelques instants autour d’une table, mais finalement rares sont les moments où la famille s’y retrouve au complet. La mère de famille passe pourtant pas mal de temps dans la cuisine pour offrir à son mari et à ses enfants un premier repas copieux à base de riz, de soupe de miso et de poisson. Beurk! fait l’aînée qui préfère se tartiner d’épaisses tranches de pain de mie pendant que le cadet laisse refroidir sa soupe les yeux rivés sur sa console de jeu portable. Difficile de se faire obéir quand le père n’a quant à lui d’yeux que pour son journal. Quelle manque de reconnaissance pour cette mère qui vient tout juste de terminer la confection des bentô (panier repas) pour le déjeuner ! Pas le temps pour autant de s’attarder sur ces ingrats car le benjamin, qui vient tout juste de faire sa rentrée à la maternelle, ne semble pas encore avoir pris le pli de sa nouvelle vie de petit écolier. Le temps d’émerger de son futon et le voilà déjà avec un bon quart d’heure de retard sur l’horaire prévu. Fréquenter un établissement qui impose le port de l’uniforme a au moins le mérite de ne pas perdre de temps le matin à hésiter devant sa garde-robe. Sauf qu’à 3 ans, uniforme ou pas, pas facile de s’habiller tout seul. Rien que pour les chaussettes, j’en connais qui finiraient par se rendormir. Et c’est que le car scolaire n’attend pas! Alors une fois le gamin habillé, rassasié, dents brossées et après un dernier coup de chasse d’eau, la mère n’a plus qu’à le traîner en le tirant par le bras: gui gui, parfaitement déterminée à s’épargner le trajet en vélo avec le marmot sur le porte-bagages.
Pierre Ferragut