Lors de sa sortie en salle au printemps dernier, Still Walking avait suscité un engouement de la critique qui voyait dans ce film comme une évocation du cinéma d’Ozu Yasujirô. Un huis clos familial et une mise en scène où le souci du détail rappelle les exigences du maître d’Ofuna. Pourtant comme l’a lui-même expliqué Kore-Eda Hirokazu, il ne faut pas chercher l’influence d’Ozu, mais plutôt celle de Naruse Mikio, autre grand nom du cinéma japonais. “Chez Ozu, la mise en scène est frontale, presque abstraite. Vous ne voyez pas la disposition des lieux, les rapports entre les pièces. Alors que la mise en espace chez Naruse permet de comprendre l’aménagement de la maison, l’emplacement de l’escalier par rapport au salon, de la cuisine par rapport aux chambres, etc. Dans Still Walking, il y a ce que vous voyez à l’écran, et ce que vous entendez hors champ. N’oubliez pas qu’au Japon, il n’y a pas de murs intérieurs, pas de portes, mais des cloisons coulissantes qui laissent passer tous les bruits”, avait-il rappelé dans un entretien accordé au magazine Télérama. Si vous n’avez pas eu la possibilité de vous en rendre compte en salle, vous pouvez vous rattraper grâce au DVD que Pyramide Vidéo vient de sortir. Avant de vous plonger dans cette histoire familiale, il est intéressant de regarder le making-of qui montre très bien la façon dont le réalisateur a bâti et tourné son film. “Maintenant, [grâce à Still Walking], je vais pouvoir me définir comme un cinéaste car j’ai voulu montrer les souvenirs que je porte en moi depuis longtemps, dans mon for intérieur”, y affirme Kore-Eda Hirokazu. On peut ensuite passer au long métrage qui confirme effectivement qu’il est devenu un cinéaste à part entière. Il a abandonné ses réflexes de documentariste qui caractérisaient ses films précédents comme Nobody knows (2004) ou After Life (1998). Prenant prétexte de la réunion familiale annuelle pour saluer la mémoire d’un fils ou d’un frère décédé accidentellement, Kore-Eda montre que les relations au sein d’une famille ne sont jamais simples et qu’à tout moment une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Un thème universel que le réalisateur traite avec une grande sensibilité, accordant une place importante à l’environnement (la maison, le jardin, le voisinage). C’est peut-être dans son souci du détail que Kore-Eda Hirokazu se rapproche alors le plus d’Ozu Yasujirô dans ce film. A vous de juger, en vous procurant ce DVD digne de figurer dans la collection d’un amateur de cinéma japonais.
C. L.
Still Walking, de Kore-Eda Hirokazu (2008). Pyramide Vidéo – TF1 Vidéo. 19,99€.