Toujours surfant sur la (nouvelle) vague nippone, l’infatigable Carlotta vient de nous offrir, après l’intégral Yoshida Kijû, les films de jeunesse d’Oshima Nagisa, déjà sortis en salles, et présentés à l’hommage du Festival des 3 Continents de Nantes en novembre 2007. Voici donc, en quelques DVD tirés à partir de “nouveaux masters restaurés”, les tout premiers films que le jeune cinéaste révolté tourna pour la Shôchiku, avant de rompre les ponts en 1961 après le scandale de Nuit et Brouillard du Japon (Nihon no yoru to kiri), qui demeure son pamphlet politique le plus radical, bien avant 1968 ! Ceux qui ne connaîtraient pas encore cette période turbulente du futur auteur de L’Empire des Sens, découvriront donc, outre Nuit et Brouillard…, un coffret de trois DVD intitulé La trilogie de la jeunesse qui regroupe Une ville d’amour et d’espoir (Ai to kibô no machi, 1959, son premier film, chronique sociale sèche en noir et blanc), Contes cruels de la jeunesse (Seishun Zankoku monogatari, 1960, son seul grand succès à l’époque), L’Enterrement du soleil (Taiyô no hakaba, 1960 également, description hallucinante des bidonvilles de Kamagasaki). On y trouve également plusieurs bonus, dont une très belle pub inédite de 1959 tournée pour la Shôchiku, Les Soleils de demain, et son documentaire Cent ans de cinéma japonais, 1994). Enfin, le film qui le relança un peu, après une série d’échecs publics, Les Plaisirs de la chair (Etsuraku, 1965), étrange film d’amour et de crime, déjà, à l’écriture envoûtante, et très années 1960 (avec un bonus par le prolifique Jean Douchet). Il faut donc saluer cette excellente introduction à l’univers érotique et tourmenté du jeune rebelle Oshima, en attendant la suite, on l’espère. Loin de se contenter de cela, Carlotta poursuit ses rééditions en salles, avec, cet été, le magnifique film d’Ichikawa Kon (qui vient de nous quitter), La Harpe de Birmanie (Biruma no tategoto), ode au bouddhisme humaniste, adaptée du roman de Takeyama Michio en 1956, avec l’admirable Mikuni Rentarô (Prix San Giorgio à Venise 56). Suivent, à partir du 16 juillet, une série de 32 films nippons du catalogue Carlotta, intitulée Des grands maîtres à la nouvelle vague. Pour finir, la cerise sur le gâteau, le 13 août, le célèbre classique de feu Kobayashi Masaki, Harakiri (Seppuku, Grand Prix du Jury au Festival de Cannes 1963), le tout en copies neuves. A signaler également, le 16 juillet , la sortie du dernier film de Kitano Takeshi, très controversé depuis sa présentation à Venise, Glory to the film-maker (Kantoku Banzai), et la énième réédition (en copie neuve) de l’élégiaque L’Ile Nue (Hadaka no shima, 1960), le plus célèbre film de Shindô Kaneto (toujours en vie, à l’âge vénérable de 96 ans). Rien de tel pour passer un bel “été japonais” à Paris, en révisant tous ces classiques passionnants. Sore ja mata, Max Tessier La Trilogie de la jeunesse d’Oshima Nagisa, Carlotta Films, trois DVD, 49,99€. |
Nuit et Brouillard du Japon (Nihon no yoru to kiri) d’Oshima Nagisa. Ce film lui valut de rompre les ponts avec la Sh冂hiku. |