Après La Femme de Seisaku (1965), et Tatouage (1966), sortis l’an dernier, le distributeur masumuraphile Zootrope Films propose, à partir du 3 août, deux autres films inédits de Masumura Yasuzô, l’un des plus remarquables des glorieuses années 1960 : le fameux Passion (Manji/ Swastika, 1964), d’après un roman de Tanizaki Jun’ichirô, adapté par Shindo Kaneto, et le mythique La Bête aveugle (Môjû, 1969), l’un des derniers grands films du maître, d’après une histoire fantastique et cruelle d’Edogawa Rampo. Dans le premier s’affronte le “trio infernal” Wakao Ayako (toujours aussi resplendissante), Kishida Kyôko et Kawazu Yûsuke, dans une atmosphère esthétique et morbide teintée d’élégant lesbianisme, et, dans le second, l’expression “l’amour est aveugle” prend tout son sens dans un huis-clos sensoriel étonnant, où se confrontent le modèle kidnappé Midori Mako et le sculpteur fou Funakoshi Eiji. On espère que d’autres films inédits de Masumura, metteur en scène-phare de la Daiei, trop longtemps méconnu en France, sortiront dans la foulée. A ne manquer sous aucun pretexte ! Soulignons que Zootrope promet une séance de rattapage à tous ceux qui auraient raté La Femme de Seisaku et Tatouage, en les remettant de nouveau à l’affiche dans une salle parisienne (à déterminer) à l’occasion d’une mini rétrospective Masumura. Enfin, pour les nippo-cinéphiles exigeants, signalons que la Maison de la Culture du Japon proposera en septembre et en octobre un cycle consacré aux cinéastes-scénaristes (Ito Daisuke, Itami Mansaku, Shindo Kaneto, Yoshimura Kozaburô), avant un hommage au méconnu Gosho Heinosuke en janvier 2006. O-tanoshimini, M. T. |
La Bête aveugle de Masumura Yasuzô |
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DVD : KITANO SOUS TOUTES LES COUTURES Parmi les cinéastes japonais les plus appréciés en France, Kitano Takeshi figure dans les premiers rangs avec Miyazaki Hayao. Le premier est à l’affiche dans notre pays avec la sortie nationale, le 20 juillet, de Blood & Bones de Sai Yôichi dans lequel il interprète un Coréen installé au Japon, dont le seul rêve est de devenir riche. Dans l’atmosphère étouffante de la ville d’Osaka dans les années 1920, Kitano incarne Shunpei, un homme qui cherche à s’imposer coûte que coûte. La violence est omniprésente dans ce film dur, très dur. Son interprétation lui a valu d’être désigné meilleur acteur de l’année 2004 par le fameux magazine Kinema Junpô. Kitano est aussi la vedette d’un autre film, documentaire celui-là, que Jean-Pierre Limosin a réalisé pour le compte de MK2 Editions. Ce livre DVD intitulé justement Takeshi Kitano l’imprévisible est un hommage étonnant à l’un des personnages les plus attachants du cinéma japonais même si on a souvent tendance à le cataloguer parmi les brutes (son rôle dans Blood & Bones confirmera cet a priori). Dans ce documentaire, il évoque son enfance difficile, ce qui permet de comprendre bien des aspects de sa personnalité qui méritait d’être ainsi présentée. Jean-Pierre Limosin a réussi son pari et c’est tant mieux. Claude Leblanc |
Takeshi Kitano, l’imprévisible, de Jean-Pierre Limosin, MK2 Éditions, 68 minutes, 24euros |