Ce « roman » a un style très particulier : plus on avance dans sa lecture plus on a le sentiment de découvrir des nouvelles, qui se présentent sous la forme d’un ensemble de lettres intimes et de documents administratifs, qui n’ont apparemment aucun lien les uns avec les autres, si ce n’est la répétition de certains drames de la vie quotidienne au Japon (amours déçus, folies, suicides). C’est sans le moindre attachement que l’auteur, Inoue Hisashi (à ne pas confondre avec Inoue Yasushi !), restitue ces documents et nous fait ainsi prendre connaissance, chapitre après chapitre, de la vie et du destin tragique de plusieurs personnages. Son détachement glacial volontaire, parfois impitoyable et à la limite de la moquerie, nous pousse irrésistiblement à nous attacher aux différents protagonistes et à leurs tristes sorts. Terriblement habile, l’auteur les réunira tous – par hasard – lors d’une prise d’otages dans le dernier chapitre, le suspens étant brillamment maintenu jusqu’à un étrange assassinat qui conclut le roman. Je vous écris est actuellement le seul roman de Inoue Hisashi à avoir été traduit en français : on attendra donc impatiemment d’autres de ses écrits en notre langue. On regrettera cependant ici la suppression de deux chapitres (en raison des difficultés de traduction qu’ils présentaient) lors de la version française, qui, malgré les notes explicatives de la traductrice, perturbe la compréhension de l’ensemble de l’histoire. Clément Bonnier
|
INOUE Hisashi, Philippe Picquier, 2000, 239 p. 49F |