Chez Kumashiro, l’amour se mange cru, au même titre que les sashimis, et tout baigne dans une ambiance … mouillée. D’où la série de titres de romans-pornos comportant le mot “nureta” (mouillé): Les amants mouillés (Koibitotachi wa nureta, 1973), Sayuri, strip-teaseuse/ Désir humide (Ichijô Sayuri/ Nureta yokujô, 1972), et bien d’autres films encore inédits. Dans La Femme aux cheveux rouges (Akai kami no onna, 1978), il pleut sans arrêt, et toutes sortes de coulées liquides nous rappellent, si besoin était, de quel genre de films il s’agit… Quant au “sexe cru”, il est aussi illustré par les dialogues, avec une mention spéciale du jury pour les sous-titres croustillants (de Dominique Palmé). Exemple? Tandis que son amant force un peu la “femme aux cheveux rouges” (Miyashita Junko, une des stars de la série), celle-ci l’avertit sans ambages: “Attention! Le tampon va me remonter dans le bide!”. Peut-on aller plus loin dans la poésie des sens?! Inspiré librement d’un roman de Nakagami Kenji, La Femme aux cheveux rouges est un conte populaire de désirs bruts, dans le monde ouvrier cher à l’écrivain, servi sans apprêts, et sur fond de chansons égrillardes (toujours superbement traduites). Magnifiquement photographiés en scope-couleurs par d’excellents opérateurs “maison”, dont Himeta Shinsaku, qui travailla avec Imamura à la Nikkatsu, ces trois films de Kumashiro (mort il y a quelques années) se signalent aussi par un montage original qui privilégie les inserts “poétiques” de la rue, où certaines scènes improvisées surprennent les passants, ou encore de l’enfance malheureuse. Ces scènes sont parfois les meilleures des films, celle de sexe étant souvent répétitives. Trois “romans-pornos” de Kumashiro Tatsumi, le 28 juin, aux cinémas Action: * Sayuri, Strip-teaseuse/ Désirs humides |