Parmi tout ce qui peut évoquer l’été nippon, le chant des cigales occupe une place de choix dans le quotidien des Japonais. La saison des pluies passée, ces insectes s’en donnent à cur joie, faisant inlassablement résonner leur mélodie lancinante sous les rayons du soleil: mîn mîn. Il y en aura toujours pour dire qu’elles nous cassent les oreilles (il est vrai que lorsqu’elles s’y mettent à plusieurs, dans les parcs ou loin des villes, on n’entend plus qu’elles), mais les Japonais ont dans l’ensemble un tel attachement pour les insectes qu’ils ne peuvent pas leur en vouloir. Au contraire, le chant des cigales est là pour leur rappeler que la nature est à leur porte, et que même Tokyo n’est pas la propriété exclusive des humains. La ville, en effet, ne répugne pas ces petites bêtes, car sinon que feraient toutes ces cigales à se languir en chantant sur le béton d’un poteau électrique comme s’il s’agissait d’un tronc d’arbre? Une présence qui semble toutefois de plus en plus ignorée par des enfants qui délaissent les activités d’extérieur pour se concentrer sur leur console de jeux vidéo, et même par des adultes qui n’ont parfois plus d’yeux que pour leur animal domestique électronique de poche ou leur écran d’ordinateur.