Tezuka Osamu était un grand auteur de manga. Mais ce que le public français ne sait pas forcément, c’est que le père du Roi Léo ou d’Astro le petit robot était aussi un grand amoureux des insectes. Rien de très original peut-être dans un pays où bon nombre d’enfants passent leurs vacances d’été à chasser papillons ou libellules à la recherche de spécimens rares pour compléter leur collection. Il n’empêche que n’importe quelle biographie de Tezuka consacre de nombreuses pages à une passion qui l’a même poussé à modifier l’écriture de son prénom en y ajoutant un caractère utilisé théoriquement pour désigner un scarabée. Alors que les cigales rythment de chaudes journées par leur chant poussif et lancinant, que les moustiques envahissent villes et campagnes, que les bords de rivières se voient, une fois la nuit tombée, éclairés de lucioles qui paraissent flotter dans les airs, difficile, il est vrai, de rester indifférent. Les hexapodes et autres bestioles sont omniprésents au Japon, et même Tokyo, dans ses quartiers les plus bétonnés dépourvus de la moindre verdure, sait accueillir ceux qui s’y échouent. Munis de leur filet et la tête pleine de données encyclopédiques relatives au coloris et à la forme des ailes de papillons, les jeunes collectionneurs profitent d’un séjour à la campagne chez papy et mamie pour partir à la chasse aux lépidoptères. Certains de ces derniers adopteraient alors la ville et ses constructions si disparates pour mieux s’y confondre ? Peut-être, mais ceux-là sont souvent trahis par leur ombre, sous un soleil si lumineux qu’il vous force à baisser le regard et vous dessine sur l’asphalte brûlant le vol du papillon : hira hira.