Décembre. Solstice d’hiver. Radin de sa lumière, le soleil se fait la malle avant tout le monde. On repense à la douce chaleur de ses rayons éparpillés généreusement pendant la journée. Il n’est pas 18h et pourtant il fait déjà nuit. Le rideau est tombé très vite sur un couché de soleil pour le moins fugitif. Les paysages sont baignés d’une tonalité neutre et sombre. Les néons des quartiers animés ont beau s’allumer les uns après les autres, il suffit de prendre n’importe quelle petite rue attenante pour se retrouver dans une pénombre que seul un lampadaire isolé vient perturber. Les bruits de la ville ont ici quasiment disparu pour faire place aux sonorités rassurantes de fin de journée. Il y a ceux qui pensent au dîner à préparer : arrêt de routine au supermarché du coin avant de rentrer à la maison. D’autres, moins inspirés côté cuisine, misent sur le marchand de râmen ambulant. On l’entend déjà pointer sa carriole au son mélodieux d’un charumera, son instrument fétiche. Un taxi fait halte. Une femme en descend, chargée par le fruit d’un après-midi de shopping. Quelques vélos sillonnent la chaussée en silence, faisant couiner leurs freins mal huilés à chaque carrefour. Sac au dos, des enfants rentrent chez eux après une séance de cours du soir au juku. On en croise d’autres en tenue de kendô, la salle d’entraînement faisait retentir leurs cris il y a encore quelques minutes. Rien ne semble pouvoir troubler toutes ces habitudes. Tout paraît si familier. L’obscurité fait peut-être fuir les plus peureux, mais elle offre aux plus romantiques de belles nuits pleines d’étoiles. Emmitouflé dans ce cadre si sécurisant, on lève les yeux au ciel. Avec un peu de chance, la saison aidant, on apercevra une étoile filante fendre l’espace: suuuuh.
Pierre Ferragut