Dans Le Monde du 31 août, Philippe Pons décrivait avec justesse l’amour des Japonais pour les “beautés éphémères de l’été” que sont les feux d’artifice, le chant des cigales et la danse des lucioles. A chacun de ces éléments, on pourrait instantanément associer une onomatopée. L’évocation serait alors parfaite: à chose éphémère, son éphémère. Car en quelques syllabes tout est dit. De la même façon que rien n’échappe à l’objectif de l’appareil photographique, rien ne saurait faire exception à l’omniprésence des onomatopées dans la langue japonaise. Pour les plus belles choses… comme pour les plus terribles. Je n’ai jamais vraiment aimé les voyages organisés, en France ou ailleurs. Au Japon, l’été plus que toute autre saison force à prendre le temps. Il fait chaud, humide. A quoi bon courir? Quand on prend des vacances, on pense à souffler, ne serait-ce le temps d’un week-end. Les voyages organisés au Japon, c’est tout le contraire. Entre le moment où vous montez dans le car le jour du départ et celui où vous en descendez à la fin du séjour (le lendemain généralement), vous êtes pris dans un engrenage diabolique huilé à souhait, où tout débordement devient illusoire, qui parvient (par les pouvoirs hypnotiques de la guide en uniforme qui joue en permanence de son micro ou de son petit drapeau comme d’une baguette magique) à vous donner l’illusion du voyage. Rien d’authentique dans cette course aux clichés. Vous n’avez pratiquement pas mis le nez dehors, et pourtant vous êtes à plat. En vacances, mais affairé: seka seka.
Pierre Ferragut