En 1980, KAGEMUSHA (L’OMBRE DU GUERRIER) de Kurosawa Akira obtenait la Palme d’Or au festival de Cannes, ex-aequo avec ALL THAT JAZZ, de Bob Fossece qu’on oublie en général de rappeler. Il s’agissait de la version voulue par le réalisateur, d’une durée de 2h59… puisque les producteurs (Francis Coppola, George Lucas pour la 20th Century Fox, et la Toho) lui avaient expressément demandé de ne pas faire un film de trois heures! Cependant, pour sa sortie internationale, la fresque historico-intimiste de “l’Empereur” est ramenée à 2h39, sur pression de la Fox, qui craint, non sans raison, que les longueurs ne viennent émousser l’attention d’un public occidental peu préparé à ce genre de film. KAGEMUSHA, interprété par Nakadai Tatsuya (qui avait remplacé Katsu Shintaro, trop imbu de lui-même, et qui avait tant agacé Kurosawa qu’il avait déclaré en le renvoyant: “Il ne peut y avoir deux réalisateurs sur ce film!”), fait alors une belle carrière, notamment en France. Vingt-deux ans plus tard, le distributeur Alive décide de sortir enfin cette version intérgrale, ou “Director’s cut”, phénomène très prisé en ce moment. Y sont rétablies les scènes non-spectaculaires, qui avaient leur importance dans le cours du récit, comme l’arrivée du général Yamagata au château Noda, une scène au château de Kenshin sous la neige, la scène complète du théâtre Nô (dont il ne restait que la fin), la réunion secrète entre le général Yamagata et Nobukado (frère de Shingen), la stratégie de Nobunaga et du médecin (Shimura Takashi, l’acteur inoubliable de VIVRE), et les scènes des messagers à cheval sur la plage, soit au total vingt minutes. Au public cinéphile d’aujourd’hui de juger si le film est “meilleur” ou non dans cette version – qui, à mon humble avis, laisse paraître quelques longueurs… mais pas forcément dans les coupes! Quoiqu’il en soit, KAGEMUSHA demeure, avec RAN, l’œuvre épique maîtresse de la dernière période de “l’Empereur”. Sore ja mata, |
Nakadai Tatsuya dans KAGEMUSHA SORTIE: |