Ceux qui ont lu NonNonBâ savent que les Japonais sont très superstitieux. Si le manga de Mizuki Shigeru (éd. Cornélius, 2006) abordait le thème de façon plutôt humoristique, Bando Masako a une approche beaucoup plus sombre de ces croyances. S’appuyant sur le folklore de l’île de Shikoku, l’auteur des Dieux chiens raconte d’étranges incidents qui se déroulent dans un petit village où la vie était plutôt tranquille. On se laisse entraîner dans cette atmosphère étrange qui frise le fantastique. Qui est responsable des problèmes qui agitent la petite communauté ? Vous le saurez en vous plongeant dans ce roman noir dont le suspense vous tient en haleine au fil des pages. Dans un registre différent, mais avec une écriture tout aussi puissante, Hideyoshi, seigneur singe, roman historique de Shiba Ryôtarô, vous conduira dans le Japon du XVIe siècle à la découverte d’un des personnages les plus importants de l’histoire nationale : Toyotomi Hideyoshi. Homme simple issu d’une famille pauvre, il va s’imposer comme l’une des grandes figures du pays. Ce roman de plus de 550 pages illustrent le grand talent d’un Shiba Ryôtarô encore trop peu connu en France (seul Le Dernier shôgun est paru en 1992 chez Picquier). Espérons que d’autres œuvres suivront. Enfin, un mot sur une œuvre atypique, L’Anniversaire de la salade, qui, lors de sa sortie en 1987 au Japon, a connu un succès phénoménal. Ce recueil de tanka (poème court sans rime de 31 syllabes) montre à quel point les Japonais restent très attachés à la chose écrite et qu’à travers elle, ils peuvent exprimer des sentiments profonds. Traduite avec brio par Yves-Marie Allioux, la salade poétique de Tawara Machi est à consommer sans modération.
C. L.
Masako Bando, Les Dieux chiens, trad. par Yutaka Makino, coll. Actes noirs, Actes Sud, 2008, 19€.
Ryôtarô Shiba, Hideyoshi, seigneur singe, trad. par Y. Kawada-Sim et S. Chupin, Editions du Rocher, 24€.
Machi Tawara, L’Anniversaire de la salade, trad. par Yves-Marie Allioux, Philippe Picquier, 2008, 13,50€.