L’été, le vent évoque les typhons ou les clochettes que l’on suspend sous les porches. D’un côté ça siffle, de l’autre ça tinte. Mais quelle que soit la saison, il est une autre manifestation sonore du vent pour ceux qui prennent le temps de tendre l’oreille. Je veux parler du passage de l’air dans la végétation et du son que font alors les feuilles ou les brins d’herbe en se frottant les uns les autres : sawa sawa. Dans les grandes villes, où la verdure se fait malheureusement souvent trop rare et où les bruits multiples vont parfois jusqu’à couvrir le chant des oiseaux, il est bien difficile d’apprécier le spectacle d’une pelouse qui frémit de plaisir sous les caresses du vent. Ailleurs, devant un champ de rizières, sur les rives d’un fleuve ou d’une rivière, il suffit de s’arrêter, d’ouvrir les yeux et de prêter l’oreille. Au cours des vacances du nouvel an, le vent est même à la fête avec les cerfs-volant traditionnels qui frémissent au bout de tous ces fils déroulés en l’air. Si loin, si haut qu’on se retrouve en bas bien incapable de capter leurs frénétiques palpitations. A l’inverse, à une telle hauteur, les murmures de la flore deviennent hors de portée. C’est aux yeux qu’il faut se fier car vu du ciel, le vent se devine en dessinant des remous dans le paysage. Regardez, la végétation ronronne.
Pierre Ferragut