Voilà quelques mois déjà que fleurissent sur les murs de la capitale de belles affiches annonçant un programme pour le moins alléchant : la rencontre entre LE maître de l’animation mondiale et l’un de nos meilleurs dessinateurs de bandes-dessinées. On attendait donc beaucoup d’une exposition dont le but avoué par le directeur de Buena Vista International France, également commissaire de l’expo, était de préparer le public français à la sortie du nouveau Miyazaki (qui vient de casser la baraque au Japon et sera sur les écrans français au mois de janvier prochain). La déception engendrée par cet élégant fourre-tout est à la hauteur des attentes qu’on avait placées en lui.
La première salle en est un parfait exemple. On imagine que celle-ci tente de mettre en parallèle le parcours respectif des deux maîtres (sans chronologie cohérente) en faisant se rejoindre leurs deux œuvres emblématiques, Nausicaä (dont, bizarrement, aucune planche de BD n’est présentée) pour Miyazaki et Arzack pour Moebius. Mais il ne suffit pas d’aligner les dessins, encore faut-il les présenter un minimum au public venu les admirer. La plupart des œuvres, surtout celles de Miyazaki, sont d’ailleurs des fac-similés sans être jamais signalées comme telles, ce qui ajoute au sentiment de frustration qui prédomine au fil des salles. Quant à connaître la technique employée (pinceau ? plume ?), n’y songez même pas.
Les pièces suivantes sont à l’avenant, introduites par des textes pompeux qui lient entre elles des œuvres souvent magnifiques par des thèmes prétextes (“La Terre Nourricière”, “Les Créatures”, etc.) où se côtoient dans un joyeux bazar esquisses, reproductions de décors de dessins animés ou story-boards.
Au fait, pourquoi une rétrospective conjointe de deux auteurs, certes mondialement reconnus et architalentueux ? Mystère ! L’expo ne tente à aucun moment d’esquisser ne serait-ce qu’un début de réponse. Ha, si ! on les voit en photo ensemble… A ma connaissance, leur seul projet commun fut le long métrage Little Nemo que quitta Miyazaki, lassé par les atermoiements de la production, après avoir réalisé une scène d’ouverture époustouflante. Leur collaboration sur ce projet n’est à aucun moment signalée. C’est donc au visiteur perspicace d’assembler les très belles pièces du puzzle. Passons rapidement sur l’agencement et la “présentation” – truffée de fautes de frappe ! – des dessins, sympto-matiques du peu de soin apporté à l’ensemble.
Reste deux auteurs hors-normes, au coup de crayon inimitable et qui savent nous régaler l’œil comme personne. Et, après tout, n’est-ce pas là l’essentiel ?
Jérémie Leroi
Musée de la Monnaie de Paris : 11 quai Conti. 75006 PARIS. M° Pont Neuf. Tous les jours de 10h à 19h, jeudi jusqu’à 22h. 9euros (tarif réduit 6euros). Jusqu’au 13 mars 2005.
Pour les personnes qui auraient décidé de faire une petite escapade du côté des Pays-Bas pendant les fêtes de fin d’année, signalons la superbe exposition au Musée Van Gogh d’Amsterdam consacrée au marchand d’art Siegfried Bing. Intitulée L’Art nouveau, la maison Bing, elle rappelle le rôle considérable que cet homme a joué dans l’introduction de l’art japonais en Occident à la fin du XIXème siècle. Nous reviendrons sur cet événement dans une prochaine édition.
www.vangoghmuseum.nl