La Saint-Valentin au Japon, comme partout ailleurs, c’est en février. Les femmes font alors le plein de boîtes de chocolats pour les distribuer aux hommes de leur entourage. Un mois plus tard, on a droit au White day: réponse masculine à tous ces chocolats offerts à des hommes devenus cette fois la cible commerciale de tous les vendeurs de chocolats blancs du pays. Sentiment rimerait donc avec argent. Evidemment. Et voilà avril, sa douceur et ses arbres en fleurs. En se baladant dans les nombreux parcs de la ville, où les cerisiers sont les plus accessibles, on aperçoit quantité de groupes, de familles ou de couples à la retraite pique-niquer sous les roses pétales. Ça papote, ça rigole, ça chantonne. Des enfants s’agitent. Mais où sont passés les jeunes couples ? Souvent absents de ce cadre aux allures pourtant si romantiques, les duos d’amoureux se con-tenteraient-ils d’une boîte de chocolats une fois par an pour manifester l’ardeur de leurs sentiments ? Loin de là ! Loin des bruits de la ville et de ses parcs exigus encerclés d’habitations, où si la convivialité est certes au rendez-vous il est en revanche plutôt difficile de trouver l’intimité, c’est à plusieurs kilomètres qu’on les retrouve, lancés sur l’autoroute au volant de leur voiture (neuve). Le train ? Vous n’y pensez pas ! Trop de regards indiscrets. Il n’y a pas plus intime qu’une voiture pour une sortie en amoureux, et avec l’arrivée des beaux jours certains n’hésitent pas à parcourir du bitume durant des heures. Direction la mer, la montagne, un parc d’attraction, peu importe finalement. Ce qui compte c’est le voyage. Autoradio, navigateur, lecteur de MD et même de DVD: le nid d’amour devient cocon d’amoureux. Pour s’aimer… passionnément: atsu atsu ! Et tant pis pour le paysage.
Pierre Ferragut