Du 4 au 22 mai prochain, le Théâtre de la Cité Internationale à Paris recevra les comédiens de Nouvelles du Plateau S., texte de Hirata Oriza mis en scène par Laurent Gutmann. Plateau du théâtre, plateau du sanatorium où se situe l’action. Plateaux du réel et de la représentation du réel… Le hasard de la traduction française (due au talent de Rose-Marie Makino-Fayolle) a voulu que le terme soit le même ( S Kôgen kara). Après Tokyo Notes, c’est la deuxième fois que Hirata Oriza est “mis en voix” pour le public français. Hirata est auteur, metteur en scène, directeur artistique du Théâtre AGORA de Tokyo, essayiste et animateur d’un programme télévisé culturel. Il multiplie les rencontres artistiques avec des artistes étrangers. La rencontre avec Laurent Gutmann, comédien et metteur en scène, dont la compagnie Théâtre Suranné est installée en Région Centre, est le fruit de la nomination de celui-ci au concours Villa Médicis hors les murs en 2002. Sur scène, on retrouve seize personnages : patients, personnel soignant et visiteurs du Plateau S., sanatorium en banlieue de Tokyo. Ils s’échangent des bribes de conversations, futiles, triviales même souvent. Les malades sont atteints de maux qui ne sont jamais nommés, ni même représentés. Ce qui les différencie des autres, c’est la durée. Le temps donne l’illusion de s’être arrêté pour les patients, dont la vie au sanatorium n’est scandée par rien. Le temps est celui de la routine pour le personnel soignant. La rencontre avec les visiteurs venus du monde extérieur va créer un choc, une rupture, à l’origine de l’effet théâtral. Car le théâtre de Hirata refuse la simulation du réel ou la personnification du spectateur. Il représente une réalité décalée, de “5 ou 10 centimètres”, selon l’auteur lui-même. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est ce qui est joué ? Le metteur en scène a préservé ce décalage, l’ambiguïté du langage, des silences, de ce qui est vu. Peut-on alors parler de caractéristiques japonaises ? Les fonctions du langage et de la délicatesse qui ourlent les rapports des personnages sont ici dissimulatrices. Tout comme l’invisibilité des symptômes. Comme si ce qui se jouait vraiment restait hors champs, et renvoyait à l’imagination du spectateur. Il ne nous reste plus qu’à vous donner cinq mots en “D” pour définir Nouvelles du plateau S. : dépaysement, durée, décalage, dissimulation… et le dernier : Dépêchez-vous d’y aller ! Marianne Bié |
Théâtre de la Cité Internationale. 17, bd Jourdan. 75014 Paris. www.theatredelacite.com. Réservation : 01 43 13 50 50. Tarif préférentiel (12,5 E au lieu de 19 E) pour les adhérents et les élèves d’Espace Japon sur présentation d’un justificatif. |