Aujourd’hui symbole de la coopération militaire entre les Etats-Unis et le Japon, l’arsenal de Yokosuka a pourtant été l’une des premières manifestations de l’amitié entre l’Archipel et la France. Episode oublié de l’histoire entre les deux pays, cette construction revêt pourtant une importance considérable dans la mesure où elle rappelle les efforts accomplis par les autorités japonaises pour amener leur pays au niveau des Occidentaux afin de ne pas se laisser “coloniser”. Sans la coopération française, la marine japonaise aurait connu un tout autre développement, sans doute plus tardif et elle n’aurait pas permis au pays du Soleil levant de s’imposer face à la Russie au début du siècle dernier et ainsi gagner son statut de puissance militaire. Voilà ce que nous rapporte Elisabeth de Touchet dans son livre passionnant et incroyablement détaillé. Résultat d’un long travail d’enquête et d’analyse de documents historiques souvent inédits, cette étude permet d’appréhender un moment essentiel de l’histoire du Japon, c’est-à-dire l’époque où ce pays, à peine sorti de deux siècles d’isolement volontaire, pouvait basculer dans une sorte de vassalité à l’égard de l’Occident. Non seulement les Japonais ont fait appel à la technologie occidentale – ici française – pour bâtir leur marine, mais ils ont surtout opéré des transferts de technologie. En d’autres termes, ils se sont appropriés des savoirs qu’ils ont réutilisés et améliorés pour s’affranchir. Grâce à ce travail formidable, on saisit mieux la stratégie du gouvernement japonais qui refusait de suivre l’exemple de la Chine tombée sous la coupe des Occidentaux. Il laisse aussi entrevoir les ambitions de l’empire japonais qui finiront par lui coûter si cher en 1945. Un livre à méditer. C. L. |
Quand les Français armaient le Japon |
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