Jean-Jacques Origas vient de disparaître. Après sa scolarité à l’Ecole normale supérieure et son agrégation d’allemand, il passa le diplôme de japonais aux Langues O, séjourna à Waseda, puis enseigna la langue et la littérature japonaises aux Langues O à partir de 1965, et fut l’un des artisans de la création de l’agrégation de japonais. Il fut à la fois un éminent spécialiste de la langue et de la littérature, en particulier depuis la Restauration Meiji, entre autres de Sôseki(1), Ôgai, Kafû et Masaoka Shiki, un pédagogue attentif et dévoué à ses étudiants auxquels il communiqua sa passion, suscitant et encourageant nombre de vocations. Ses cours et conférences n’étaient jamais ennuyeux ; au contraire, l’auditoire écoutait fasciné par son esprit de synthèse, la clarté de l’exposé, ses connaissances encyclo-pédiques, et le souffle qu’il imprimait engendrait une atmosphère que rien n’aurait pu briser. Son écriture était à l’image de son verbe, concise, ciselée et fascinante. Il était aussi respectueux de la dignité de chacun, et faisait preuve d’une extrême courtoisie avec tous ses interlocuteurs. En d’autres termes, J-J. Origas fut un homme extraordinaire par ses qualités intellectuelles et humaines. Sa mort laisse dans une profonde tristesse celles et ceux qui furent ses élèves et ses amis.
P.Hurth 1) Le texte le plus accessible au public est sa notice sur Natsume Sôseki dans le Dictionnaire universel des littératures (PUF, 1994). Sa lecture, une pure merveille, donne envie de lire Sôseki sur le champ. |
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