Ce qu’il y a de bien avec la Golden Week, congé annuel de la première semaine de mai, c’est qu’une grande partie de la population s’agglutine en même temps aux mêmes endroits. Les quartiers commerçants, les parcs d’attractions et autres sites touristiques regorgent de Japonais bien contents de pouvoir profiter pleinement des premiers vrais beaux jours de l’année. Les manches longues font peu à peu place aux courtes, et la climatisation commence à faire des ravages (atchoum!). Et le résultat de cette grande foire rituelle sagement orchestrée est que certains quartiers de la ville se retrouvent complètement désertés (logique). Les ensembles de petites rues prennent des allures de villes fantômes où même le bruit des voitures ne pénètrent pas. Voici alors le moment d’entreprendre ce qui peut passer pour un luxe en temps normal, trop souvent pris par le temps et les gens: flâner, marcher sans but sinon pour le plaisir. En quatre syllabes: “bura bura”. C’est donc avec ce désir de déambuler librement, loin des petits tracas du travail, que, mains dans les poches, je pars à la redécouverte de mon quartier. Nous sommes le 5 mai, jour des enfants (kodomo no hi), trois garçons jouent au ballon au beau milieu d’un carrefour. Je m’éloigne vers le sud, à l’est de Shinsaibachi (Osaka), en direction d’un petit temple de quartier. Mais arrivé près de l’entrée du parc, rien ne va plus: le rythme nonchalant de ma démarche est brusquement interrompu par la présence à mes pieds d’une belle crotte de chien… Un oubli, me dis-je. Je passe alors sur le trottoir d’en face et rebelote. La Golden Week: un besoin de se lâcher et inversement. A quand les motos-crottes au Japon?
Pierre Ferragut