Les Japonais sont vachement gentils. Un jour où je prenais le bus pour me rendre au boulot, j’entendis parmi les nombreux passagers un petit garçon en train de pleurnicher: meso meso. De ma place à l’arrière du bus, je ne voyais pas grand chose et me disais qu’il s’agissait encore sûrement d’un de ces gamins un peu capricieux que la mère laisse pleurer sans penser un seul instant à hausser le ton pour essayer de mettre un terme aux lamentations. Toujours est-il qu’à l’avant du bus, ça commençait à pleurer dur et apparemment pas de maman aux côtés du garçon. Cartable sur le dos et figé derrière le chauffeur, le petit écolier eut alors droit à tous les soins de son entourage. On comprit ainsi qu’il s’était trompé de bus et paniquait sûrement à l’idée d’arriver en retard. J’eus à ce moment l’impression de me retrouver dans le bus privé d’un gamin en route pour l’école: alors qu’une dame le consolait en le tenant presque dans ses bras, le chauffeur entreprit, et ce malgré la présence d’autres passagers sans doute pressés d’arriver à destination, d’arrêter exceptionnellement le bus, d’en faire descendre notre petit égaré avec l’aide de la dame qui ne lui lâchait plus la main, et de le faire monter dans un autre bus, le bon cette fois, qui par chance arrivait en face et qui lui aussi s’était arrêté à la demande de notre chauffeur… Non, franchement, les Japonais sont vachement gentils. Pierre Ferragut |