Au Japon, il est un genre littéraire – le roman économique (keizai shosetsu) – que les lecteurs apprécient. Et en cette période difficile, la publication de tels ouvrages prend un relief particulier quand on sait que leurs auteurs tentent d’offrir un récit proche de la réalité.
Le roman que tout le monde s’arrache depuis quelques semaines a été écrit par Sakaki Tôkô, un jeune haut fonctionnaire, très au fait des défis auxquels doit faire face le pays du Soleil levant. Intitulé Sanbon no ya (Les Trois flèches), cet ouvrage se distingue des autres romans de ce genre par trois particularités. Les deux volumes qui comprennent au total quelque 800 pages constituent d’abord une très bonne introduction aux us et coutumes de Kasumigaseki, le quartier des ministères à Tôkyô, et permettent de comprendre le processus de décision très complexe qui paralyse parfois le pays dans les moments exigeant pourtant une plus grande célérité. Le second point intéressant est le langage utilisé par les protagonistes de l’histoire, révélant ainsi la nature des rapports entre bureaucrates et politiciens de même que la façon dont les hauts fonctionnaires nippons considèrent leurs administrés. La dernière caractéristique est le contexte de l’histoire, à savoir la crise financière et les moyens envisagés pour en sortir. Ecrit par un acteur de la vie politique du pays en prise directe avec une réalité économique et financière difficile, ce roman est une rare ouverture sur un monde obscur, celui de la bureaucratie nippone.