Près de 80 millions de Japonais étaient devant leur téléviseur le 14 puis le 20 juin derniers pour regarder les matches qui ont opposé l’équipe nationale à celle de l’Argentine puis de la Croatie. Un record d’audience qui montre à quel point la Coupe du monde 1998 a suscité l’engouement des Nippons chez eux ou, pour quelques 30 000 chanceux, en France. Sujet n°1 de l’actualité, elle est presque parvenue à chasser la chute du yen et la récession des esprits. Il faut dire que le Japon participait pour la première fois au Mondial. Manque de chance, les Japonais ont perdu les 3 matches disputés (1 but à 0 contre l’Argentine et la Croatie, 2 buts à 1 contre la Jamaïque), et de très nombreux supporters ont été victimes d’une gigantesque arnaque aux billets qui les a contraint soit à regarder leur équipe sur grand écran soit à monnayer leur sésame pour le stade à prix d’or (un billet aurait été vendu 30 000F au marché noir!). Malgré ces déconvenues, les supporters nippons ont, semble-t-il, impressionné la presse française comme étant “le bataillon le plus fervent, le plus pacifique et le plus pittoresque de ce Mondial 98” (lire l’article d’Olivier Schmitt). L’enthousiasme se poursuivra-t-il ou va-t-il retomber ? L’histoire d’amour des Japonais pour le football paraît en effet volatile. La Japan League, à savoir la ligue professionnelle japonaise, ne date que de 1993. Mais après un beau départ, avec des grandes entreprises pour sponsoriser des équipes, des joueurs à la une des journaux et des stades bien remplis, le public semblait s’être lassé du ballon rond et des joueurs qui ne répondaient pas à leurs espérances. Heureusement, le Japon s’apprête à coorganiser la Coupe du monde de 2002 avec la Corée du Sud, perspective qui devrait garder les esprits des 17 équipes professionnelles et du public en éveil.
Jean-Yves Donor, “La première frappe de ‘Batigol'”, Le Figaro, 15/06/98.
Caroline Jurgenson, “80 millions de Nippons et moi et moi et moi…”, Le Figaro, 18/06/98.
Propos recueillis par Etienne Labrunie, “Le Japon et la Corée étouffent leur créativité”, Libération, 20-21/06/98.
Caroline Jurgenson, “Au pays du football levant”, Le Figaro, 22/06/98.
Olivier Villepreux, “Une défaite très cher payée”, Libération, 22/06/98.
Olivier Schmitt, “Les Japonais, supporters d’exception”, Le Monde, 23/06/98.
Caroline Jurgenson, “Le Japon ballon d’or”, Le Figaro, 25/06/98.
UN AMOUR DE CHATON
Qui est-ce qui fait courir les jeunes Japonaises? La réponse est Kitty, un chaton blanc coiffé d’un nud rouge qui a rapporté plus de 5 milliards de francs à Sanrio, son créateur, l’année dernière. Kitty a aujourd’hui 24 ans et son image orne un peu tout et n’importe quoi : articles de papeterie, radios, téléphones portables, papier hygiénique, culottes, vêtements de cuir… Les adolescentes japonaises se l’arrachent et les jeunes femmes, au lieu de s’en détourner une fois l’âge adulte atteint, en redemandent. Le fameux syndrome Peter Pan (qui refuse de grandir) rapporte gros au Japon. Il a même permis à la banque Daiichi-Kangyo, dont l’image souffrait de nombreux scandales de corruption, de voir 120 000 comptes s’ouvrir miraculeu-sement chez elle une fois le chaton imprimé sur ses cartes de crédits. Sanrio travaille actuellement à un élargissement de ses produits Kitty à la clientèle masculine mais promet qu’il n’y aura jamais de préservatif Kitty car “le concept doit rester familial”.
Caroline Jurgenson, “‘Kitty’, le gadget anti-crise des Japonais”, Le Figaro, 26/06/98.