Le 24 août dernier, disparaissait Kon Satoshi, l’une des étoiles de l’animation japonaise [voir OVNI n°683 du 15 septembre 2010], à qui l’on devait notamment les remarquables Millenium Actress ou Perfect Blue. Son décès prématuré, il n’avait que 46 ans, constitue une perte importante dans ce secteur dominé par la génération des Miyazaki et autres Takahata, car il incarnait un véritable renouveau grâce à une approche innovante dans un secteur gagné, ces dernières années, par une tendance au classicisme. La disparition du réalisateur de Paprika (2005) crée un vide important, mais il reste heureusement quelques auteurs de grande classe comme Hara Keiichi et Hosoda Mamoru. Le premier vient de sortir sur les écrans japonais Karafuru (Colorful), un dessin animé qui marque un tournant dans l’histoire de l’animation japonaise et dont on espère qu’il sera distribué comme il se doit en France. Le second bénéficie déjà d’une belle cote de popularité grâce à ses deux récentes réalisations La Traversée du temps (Toki wo kakeru Shôjo, 2006) et Summer Wars (2009) qui, après sa présentation en salles à la fin du printemps, sort en DVD le 27 octobre chez Kaze.
Dans ce dernier film, Hosoda Mamoru rejoint Kon Satoshi et son obsession d’Internet. “Internet et les rêves sont les moyens d’exprimer le refoulé de l’humain”, expliquait un des personnages de Paprika, film dans lequel il avait tenté d’explorer le monde du rêve. Avec Summer Wars, Hosoda s’intéresse lui aussi au réseau mondial et à notre dépendance de plus en plus grande à son égard. Une grande partie de l’histoire se déroule dans le monde d’Oz, un univers virtuel à la croisée de Facebook et de Second Life. Un virus informatique compromet la tranquillité de cet espace, mais aussi et surtout il met en danger l’équilibre même de la planète dans la mesure où de nombreux éléments de notre vie quotidienne sont contrôlés via les réseaux informatiques. Kenji, jeune étudiant timide, en fait les frais. Il se retrouve accusé d’être l’instigateur de cette catastrophe. Aidé par Natsuki, la fille dont il est amoureux en secret, et par la famille de cette dernière installée au cœur de la campagne japonaise, il va réussir à rétablir la situation et venir à bout du virus. L’intérêt de ce film réside dans la subtilité avec laquelle Hosoda analyse la place prise par Internet comme mode de communication dans nos sociétés. Il montre ainsi que la famille, qui en a pris un sérieux coup au cours des décennies précédentes, reste un élément fondamental de nos existences et qu’à ce titre nous devrions changer notre perception à son égard. Une œuvre rafraîchissante et forte qui ne laissera personne indifférent.
Odaira Namihei
Photo :
Summer Wars de Hosoda Mamoru, Kaze Vidéo, 19,99 € – www.kaze.fr