Sorti en août 2008 dans les salles japonaises, deux semaines après Ponyo, The Sky Crawlers de Oshii Mamoru n’aura pas eu la chance de sortir sur les écrans français alors que le chef-d’œuvre de Miyazaki Hayao a bénéficié d’une campagne de promotion digne des films venus d’Outre-Atlantique. Il est vrai que Ponyo pouvait a priori satisfaire un public plus large que l’anime signé par l’auteur pourtant reconnu de Ghost in the Shell ou Avalon. Voilà pourquoi les distributeurs choisissent de privilégier le DVD plutôt que la salle pour des œuvres qu’ils jugent plus difficiles à “vendre” au grand public. Ces dernières années, on a ainsi vu les films de Kon Satoshi (Tokyo Godfathers, Millennium Actress) passer directement par la case DVD, limitant ainsi le cadre de leur audience. Cela dit, une sortie en DVD vaut mieux qu’aucune sortie du tout. Et il aurait été dommage de rater ce nouvel opus de Oshii Mamoru qui nous transporte dans un univers bien différent de celui proposé par Miyazaki dans Ponyo dont le DVD a été mis sur le marché au moment des fêtes de Noël.
Graphiquement très réussi, on reconnaît le style Oshii, The Sky Crawlers se déroule dans un monde parallèle au nôtre où les hommes organisent des guerres que l’on peut suivre à la télévision dans le but de divertir. Des compagnies privées recrutent des adolescents pour combattre à bord d’avions de chasse. Les Kildren, comme on les appelle, sont des adolescents qui ont la particularité de ne pas vieillir. Ils vivent au jour le jour, sachant que la mort ne viendra qu’au cours d’un combat. Fatalistes, ils vivent dans la mélancolie. Celle-ci imprègne tout et provoque un certain malaise chez le spectateur qui se retrouve lui aussi au cœur de ce monde déshumanisé.
Mais tout n’est pas perdu. La présence de Yûichi, pilote récemment envoyé à la base de Rostock, apporte une bouffée d’oxygène. Car en dépit d’une mémoire défaillante, il cherche à comprendre le sens de son existence. La relation amoureuse, qui s’installe entre Yûichi et la responsable de la base, est un pied de nez à ce fatalisme ambiant. Telle est la leçon que l’on peut tirer de ce film d’animation qui, même s’il n’atteint pas le niveau d’excellence de Ghost in the Shell, marque un tournant dans l’œuvre de Oshii Mamoru. Moins “cérébral” que ses films précédents, The Sky Crawlers se veut plus divertissant. De cette façon, il répond à son rival Miyazaki Hayao qui disait de lui qu’il “pensait trop” et qu’il “finissait par en oublier de divertir”. Avec ce film que Wild Side a eu la bonne idée de sortir, vous passerez un moment agréable, en plongeant dans l’univers si particulier de Oshii Mamoru.
Claude Leblanc
The Sky Crawlers de Oshii Mamoru, DVD et Blu-Ray, éd. Wild Side Vidéo, 24,99€.