Dans un pays où le vieillissement de la population a connu une accélération brutale
au cours des dernières années, chacun doit s’accommoder de l’omniprésence de la mort. Pourtant il n’est pas facile d’accepter de perdre ceux qu’on aime. La période de deuil est plus ou moins longue selon les individus. Il y a ceux qui finissent par s’y faire car, après tout, la vie continue. Et puis, il y a les autres. Ceux qui ne peuvent pas se résoudre à voir partir l’être aimé. Grand prix du festival de Cannes 2007, le nouveau film de Kawase Naomi aborde la thème de la disparition au travers de la relation de deux personnages qui ont en commun d’avoir perdu un être cher sans avoir pu en faire le deuil. Shigeki, veuf et oublié dans une maison de retraite, rencontre Machiko, une aide soignante dont l’enfant vient de disparaître. Leurs rapports les amènent à quitter le milieu des hommes pour rejoindre la nature et s’y abandonner dans l’espoir d’y renaître et de retrouver un goût à la vie. Ces deux êtres meurtris vont donc se régénérer à l’abri de cette forêt de Mogari (en japonais, mogari désigne la période du deuil). En les suivant à distance dans leur découverte de cette nature apaisante, Kawase a construit un film qui fait chaud au cœur. Cette plongée dans la nature dominée par le vert a quelque chose d’étourdissant pour le spectateur qui finit par se laisser aller et à faire corps avec les deux personnages principaux. L’impression que jamais rien n’est terminé — pas même la vie — finit par envahir l’écran et la salle. Kawase Naomi maîtrise parfaitement son sujet, jouant avec les plans (horizontaux et verticaux) de telle manière que le spectateur ne puisse pas rester impassible et participe à la renaissance de ces deux êtres. Après Shara, la réalisatrice montre une nouvelle fois sa créativité et sa capacité à aborder des thèmes sembables sans tomber dans la répétition ennuyeuse. Claude Leblanc |
©Haut et Court La Forêt de Mogari (Mogari no mori) de Kawase Naomi avec Uda Shigeki, Ono Machiko. |
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