Contrairement à la mésaventure qui lui est arrivée avec son précédent Tokyo Godfathers, suite à la decision de Columbia de ne pas le sortir en France (sauf en DVD), le nouveau film de Kon Satoshi, Paprika, inspiré du roman de Tsutsui Yasutaka, sortira bien sur nos écrans, le 6 décembre. Bonne nouvelle, car il s’agit là d’un anime hors du commun, où l’auteur de Perfect blue progresse encore dans l’exploration passionnante (et passionnée) des abysses insondables de l’imaginaire, mêlant avec une virtuosité hallucinante le rêve et le réel. A partir de l’œuvre de Tsutsui, le cinéaste surdoué réinvente l’univers de l’auteur à travers une esthétique à la fois “réaliste” et baroque, qui fait la part belle à la psyché et à la pénétration quasi-sexuelle des rêves chez l’humain. Le prétexte à cette fascinante enquête onirique est le vol d’une nouvelle machine-miniature, baptisée DC Mini, qui permet non seulement d’investir les rêves (et cauchemars) des patients, mais aussi de les enregistrer à des fins interactives, ce qui pourrait être catas-trophique si cela tombait entre ce qu’il est convenu d’appeler “de mauvaises mains”. La détective vouée à cette enquête très spéciale est la Dr Chiba Atsuko, qui opère sous les traits plus sexy de son alter-ego Paprika… Conçu comme un film noir et onirique aux multiples références cinéphiliques, Paprika devient assez rapidement une extraodinaire investigation des inconscients de plusieurs personnages, avec comme leit-motiv rythmique la parade des objets et personnages symbolisant à peu près tous les mythes populaires présents et passés du Japon. Film foisonnant, constamment surprenant, tout à la fois onirique, poétique, terrifiant ou amusant, où Kon Satoshi ne résiste pas au plaisir furtif de l’auto-citation, Paprika est un régal des yeux et des sens qu’il faut sans doute voir au moins deux fois. L’auteur y filme, en un bouquet constamment renouvelé, toutes les angoisses et les obsessions, virtuelles ou réelles, de la société japonaise trop avancée pour pouvoir reculer… Produit par Madhouse, Paprika bénéficie aussi de la musique inspirée de Hirasawa Susumu, qui avait déjà signé la B.O. d’un autre film de Kon, Millenium Actress. Si vous aimez la “science des rêves”, précipitez-vous dans le maelstrom onirique et fulgurant de Paprika, qu’on a hâte de voir en DVD, avec des bonus de rêve… Sore ja, mata, Max Tessier |
Paprika, film d’animation signé Kon Satoshi. Scénario de Minakami Seishi, et Kon Satoshi d’après le roman de Tsutsui Yasutaka. 1h30. Dist. Rezo Films. |
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A le revoir aujourd’hui, il est vrai que ce n’est pas ce que Kurosawa a fait de mieux dans son impressionnant corpus d’œuvres. Ce scénario orginal sur l’obsession d’un industriel face à la menace atomique, est d’abord un “dossier” sur un sujet qui hantait tout naturellement une grande partie de la population japonaise après Hiroshima et Nagasaki. Comme toujours, la réalisation technique est assez brillante (tournage avec plusieurs caméras, ce qui était alors la marque de Kurosawa), mais elle n’arrive pas à faire oublier la lourdeur du message physique et moral. C’est évidemment moins “distrayant” que Godzilla (1954) qui aborde finalement le même sujet sous un angle plus ludique. Le film reste cependant à voir pour vérifier ce dont Kurosawa était capable lorsqu’il donnait trop d’importance à la démonstration. Toutes les peurs et les hantises de l’époque se retrouvent dans ce film. M. T.
En salles depuis le 8 novembre et en DVD chez Wild Side Vidéo, 24,99 e.