Le chat, animal domestique par excellence, fait partie intégrante du quotidien de beaucoup de Français. Rien d’étonnant donc à le voir surgir ça et là au détour de nombreuses expressions de notre langue (“donner sa langue au chat”, “avoir d’autres chats à fouetter”, “appeler un chat un chat”, etc.). Au Japon, il n’est pas en reste. Certes moins envahis à longueur d’années de publicités pour croquettes ou autres pâtés, les habitants de l’Archipel n’en sont pas pour autant peu familiers avec ce félin des villes. En plus de tous ces chats sans maître qui vagabondent jusque dans les plus petites ruelles de Tokyo, les Japonais côtoient tout naturellement encore aujourd’hui les innombrables maneki neko (statuette de chat, patte avant levée, censée attirer les clients) qu’arborent une majorité de commerçants à l’entrée de leur magasin. Comme en français, les matous ont donc logiquement leur place dans la langue nipponne. Vous n’appréciez pas de boire ou de manger trop chaud? Vous avez une “langue de chat” (nekojita). Vous vous tenez le dos courbé ? On vous taxera de “dos de chat” (nekoze). Vos cheveux sont difficiles à dompter ? Ce sont des “poils de chat” (nekoge). Votre appartement ou votre jardin est grand comme un mouchoir ? Il n’est pas plus vaste que le “front d’un chat” (neko no hitai). Vous êtes prêt à vous faire aider par n’importe qui? C’est “demander main forte à un chat” (neko no te wo kariru). Vous vous exprimez d’un ton mielleux ? Vous avez la “voix cajoleuse d’un chat” (nekonadegoe) : nyâ nyâ. Pierre Ferragut