Bonne surprise de l’année 2006 dans le domaine du manga, Kekkaishi de Tanabe Yellow. La série publiée au Japon par Shôgakkan est ancrée dans un univers très japonais – ce qui en fait son charme – même si celui-ci est teinté de fantastique. L’histoire raconte les aventures de Sumimura Yoshimori, un adolescent de 14 ans, et de Yukimura Tokine, sa voisine, qui est comme lui kekkaishi, c’est-à-dire chasseur de démons. Chacun des deux héros peut créer des barrières magiques susceptibles de détruire leurs proies. Les deux personnages s’entendent plutôt bien en dépit de la rivalité qui oppose leurs deux familles depuis des années. Ils ont pour mission de protéger le château du seigneur Karasumori contre les démons. Ils doivent aussi défendre leur école contre l’invasion d’un monstre, ce qui les amène parfois à unir leurs forces. Même si la série commence sur un rythme plutôt lent, celui-ci s’accélère par la suite, rendant la lecture de l’histoire très agréable d’autant que le trait de Tanabe ajoute du dynamisme aux différents protagonistes de l’histoire. Très vite donc, des monstres font leur apparition. Sumimura et Yukimura doivent faire face aux sombres desseins de ces démons prêts à tout. Sans autre prétention que de distraire le lecteur, ce manga ne manque pas de charme et permettra à un public attiré par le mystère et un peu de légèreté de passer de bons moments. Dans le deuxième volume qui vient de paraître, l’apparition de la Guilde, “une association constituée par des détenteurs de pouvoirs paranormaux qui se rassemblent pour servir leurs intérêts”, annonce de nouveaux rebondissements à suivre dans les mois à venir. Pour ceux qui ne succombent pas aux charmes du manga, mais qui souhaitent aussi plonger dans un monde très japonais par le biais de la littérature, la parution de Fantômes et kimonos : Hanshichi mène l’enquête à Edo arrive à point nommé. Deuxième volume des aventures policières du sympathique détective imaginé par Okamoto Kidô, ce livre nous entraîne dans l’ancienne ville d’Edo dont les mœurs étaient pour le moins pittoresques. Dans un style qui rappelle Conan Doyle dont il fut un avide lecteur, Okamoto nous livre six histoires où l’humour n’est jamais loin et qui nous permettent de mieux appréhender certaines croyances et traditions populaires. Ainsi dans Kappa et geishas, on découvre l’existence du kappa, ce génie des eaux censé avoir la taille d’un enfant, un corps verdâtre et des cheveux hirsutes. Parti à sa recherche après l’assassinat du patron d’une maison de geishas, Hanshichi découvre à quel point ses contemporains pouvaient se montrer crédules devant ce type de personnages. “L’un des tours favoris du kappa de Ryôgoku consistait à se coller sur le postérieur peint en noir deux feuilles rondes de papier doré ou argenté imitant deux grands yeux, et à marcher à quatre pattes, le derrière tourné vers les passants. De quoi surprendre dans la pénombre le samouraï éméché et effrayer le patron froussard”, écrit Okamoto qui donne ainsi la mesure de son talent de conteur. Le style alerte de l’auteur très bien rendu par Karine Chesneau est un véritable régal. On salive d’avance à l’idée de découvrir ce qui se trame derrière la malédiction de la fille du marchand de saké ou qui se cache derrière le bébé-monstre. Un très bon livre qui saura sans aucun doute vous captiver. C. L. |
Okamoto Kidô, Fantômes et kimonos : Hanshichi mène l’enquête à Edo, trad. par Karine Chesneau, éd. Philippe Picquier, 2006, 18€. |