Bien que la 8ème édition du Festival du film asiatique de Deauville, qui s’est tenue du 8 au 12 mars 2006, ait été essentiellement axée sur la Chine avec un hommage à Chen Kaige, Hong Kong et la Corée (rappelons que cette manifestation est jumelée avec le festival de Pusan), le Japon était loin d’y être absent, même si quantitativement minoritaire. La compétition proposait Yumeno, premier film de Kamada Yoshitaka, un road-movie montrant une fois de plus le mal de vivre chez une certaine jeunesse nippone, et le dernier film de Kurosawa Kiyoshi, Loft encore inédit en France, tout comme le précédent Doppelganger, après l’échec public de Jellyfish (disponible en DVD chez Arte Vidéo). Kurosawa y retrouve sa forme, et surtout son sens exceptionnel de l’atmosphère, dans un film assez angoissant, dont les “héros” sont une romancière recluse en panne d’inspiration, et un étrange archéologue qui a découvert une momie millénaire, dont la malédiction est inévitable… Une ambiance envoûtante, des effets spéciaux économes et sobres, mais très efficaces sont la marque d’un film dirigé avec l’intelligence formelle habituelle de l’auteur de Kairo. Pourtant, le principal atout nippon de Deauville, outre une belle exposition Manga, en col-laboration avec les Editions Glénat, était certainement l’hommage rendu au cinéaste indépendant Hiroki Ryûichi, quasiment inconnu en France, mais pourtant auteur d’une bonne quinzaine de films, dont le plus connu, Vibrator (2003) a fait le tour des festivals, mais reste inédit en France. Ce road-movie très contemporain, aux personnages de paumés attachants, est une adaptation du roman éponyme d’Akasaka Mari publié en France sous le titre Vibrations chez Philippe Picquier (2003). Ce long métrage est certes l’un des meilleurs de Hiroki, dont l’œuvre reste très inégale. Son film suivant, L’Amant, par exemple, est un ratage complet à partir d’un sujet supposé pervers, qui tourne vite à l’ennui. Mais Hiroki Ryûichi (né en 1954) s’est surtout fait connaître par des films provocateurs, et tournant toujours autour du pot sexuel, comme Sadistic City (Maougai, 1993), I am a SM Writer (Futei no kisetsu, 2000), ou encore Tokyo Trash Baby (Tokyo Gomi Onna, 2000), dans la lignée d’un Miike Takashi ou Mochizuki Rokurô. Son dernier film, It’s only talk (2005) sur les tourments psychiques d’une femme dépressive, était présenté dans la section Panorama du Festival de Deauville. Nous reviendrons sur Hiroki Ryûichi dans un prochain numéro. Toujours à propos de ce festival, signalons la récente parution en DVD de Marebito (TF1 Vidéo), de Shimizu Takashi, l’auteur de Ju On et de The Grudge. Un film d’horreur souterrain sur des angoisses très contemporaines, présenté à Deauville en 2005 et sorti en France juste après. Sore ja, mata, Max Tessier |
Vibrator de Hiroki Ryûichi (2003) avec Terashima Shinobu et Omori Nao Pour en savoir plus sur le palmarès du Festival du film asiatique de Deauville : www.deauvilleasia.com |
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Sortie DVD Fidèle à son désir de donner accès au meilleur des films de l’âge d’or du cinéma japonais, l’éditeur Films sans Frontières ressort en DVD plusieurs films de Mizoguchi Kenji avec image et son restaurés pour chaque film. En attendant Les Contes de la lune vague après la lune (Ugetsu monogatari, 1953) prévu pour le printemps, les amateurs peuvent d’ores et déjà se procurer Les Amants crucifiés (Chikamatsu monogatari, 1954) et L’Intendant Sansho (Sansho dayu, 1954) dans un coffret qui comprend notamment un essai de Jean-Christophe Ferrari consacré au réalisateur. Un autre coffret comprend L’Impératrice Yang Kwei Fei (Yôkihi, 1955) et La Rue de la honte (Akasen chitai, 1956). Enfin la sortie la plus récente, Le Héros sacrilège (Shin Heike monogatari, 1955) permet de découvrir une œuvre dont le scénario n’est peut-être pas le meilleur sur lequel a travaillé Mizoguchi mais qu’il a réussi à sublimer par une maîtrise parfaite de la réalisation. Il ne faut pas s’en priver d’autant que l’éditeur propose ces coffrets à bon prix (28 et 33 euros). C.L. |