Après le beau cycle Gosho Heinosuke, qui vient de s’achever, la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP), toujours sur la brèche, organise un mini-hommage mérité à l’un des héros les plus populaires du cinéma et de la télévision au Japon, à savoir l’impérissable Zatôichi, le Masseur Aveugle. En seulement huit films, le programme fait le tour de la question, ce qui peut paraître un peu court, mais rappelons que la majorité des films de cette longue série a déjà été éditée en DVD, l’an dernier, chez Wild Side. Rien n’indiquait au départ que Zatôicihi serait l’un des succès les plus durables du cinéma populaire japonais, avant Tora-san et ses 48 films tournés entre 1969 et 1995. L’origine de la série remonte à une nouvelle de Shimozawa Kan, et à un premier film tourné pour les studios Daiei, en 1960, par le cinéaste Mori Kazuo, Le Masseur Shiranui (Shiranui Kengyo), dont le personnage central, Sugi no Ichi, était interpreté par l’acteur Katsu Shintarô “Katsushin”, alors peu connu. Le film s’avéra être un succès, et Nagata Masaichi, le célèbre producteur de la Daiei (Rashômon, et les derniers films de Mizoguchi) enchaîna avec un film intitulé Zatôicihi monogatari (La légende de Zatôichi, le masseur aveugle) réalisé en 1962 par l’excellent Misumi Kenji, qui dirigea la plupart des films de la série jusqu’en 1973. Katsushin y développe avec talent et humour le personnage pittoresque du masseur aveugle (Zatô), qui utilise toutes sortes de stratagèmes pour devenir Kengyo, en haut de l’échelle sociale. Le personnage tire toute son énergie de son handicap, sa cécité lui permettant d’atteindre des niveaux sensoriels extrêmes, et notamment d’être un maître du sabre, découpant ses ennemis tels de simples sashimi… Parmi les grands succès de la série projetés dans ce cycle, figurent Le Voyage Meurtrier (Zatôichi Kesshotabi, 1964), La Route sanglante (Zatôichi Chikemuri kaidô, 1967), Les Tambours de la Colère (Zatôichi Kenkadaiko, 1968), et Le Shogun de l’ombre (Zatôichi Abare Himatsuri, 1970), tous réalisés avec brio par Misumi, dans un Daiei-scope magnifiquement mis en valeur. Mais l’un des fleurons de la série reste sans doute Zatôichi contre Yôjinbo (Zatoichi to Yojinbo), tourné par feu Okamoto Kihachi, en 1970, avec Katsu Shintarô et Mifune Toshirô, filmés par le génial chef-opérateur Miyagawa Kazuo. Le choc des mythes ! Bien entendu, le cycle se termine par la projection du Zatôichi, blond et bourré de tics, “revisité” par Kitano Takeshi, avec une scène finale inédite de claquettes japonaises… La série s’arrêtera seulement en 1973, au bout de 24 épisodes, mais se poursuivra à la télévision en pas moins de cent épisodes, avant que Katsu Productions ne commence à produire la série-culte Baby Cart, avec Wakayama Tomisaburô (le frère de Katsu) mis en scène par le fidèle Misumi Kenji. Du 28 février au 4 mars, vous pouvez donc aller à la MCJP(1) à l’aveuglette, mais attention à la foule des fans de Zatôichi, aveuglés par leur passion ! Enfin, parmi les sorties prochaines à signaler un “faux/vrai” film japonais, tout à fait fascinant et original, Le Soleil (Solntse) d’Alexandre Sokourov, qui décrit à sa manière étrange et ironique les dernières heures de l’Empereur Hirohito, en 1945, avant la rédition du Japon et sa première rencontre avec MacArthur. L’Empereur y est interpreté de façon étonnante par l’acteur Ogata Issey. Dans les salles, le 1er Mars. Sore ja, mata, Max Tessier (1) 101 bis, Quai Branly 75015 Paris. Tél. : 01 44 37 95 01. www.mcjp.asso.fr |
Le Shogun de l’ombre de Misumi Kenji, 1970 |
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