L’actualité des sorties japonaises ne se relâche pas. Après le magnifique Tatouage (Irezumi), “ovni” érotique du regretté Masumura Yasuzo, avec la divine Wakao Ayako, et en attendant deux ou trois autres films du defunt maitre, l’Animé revient en force.
A tout seigneur, tout honneur: Miyazaki Hayao, qui avait juré qu’on ne l’y reprendrait plus, a tout de même repris le projet d’adaptation du roman anglo-saxon de Diane Wynne Jones, Howl’s moving castle (Hauru no ugoku shiro), devenu en français Le Château ambulant, qui pulvérise à nouveau tous les records du box office nippon. A vrai dire, ce nouvel opus est certes assez beau, et d’une grande liberté narrative, mais n’apporte guère de nouveau à l’univers miyazakien, déjà superbement balisé dans plusieurs films, et surtout dans le précédent, Le Voyage de Chihiro, peut-être son chef-d’œuvre à ce jour. On y retrouve les mêmes situations, les mêmes objets volants, les mêmes personnages, dont celui de la vieille sorcière, qui ne varient guère. Par ailleurs, le film souffre de certaines scènes un peu trop doucereuses, et des personnages un peu niais de Hauru et Sophie, certes des avatars du roman original. Bien sûr, Le Château ambulant est à voir, mais mieux vaut oublier Le Château dans le ciel et Chihiro à sa vision…
Les fans d’animé pourront aussi se précipiter pour découvrir un inédit de Takahata Isao, Kie, la petite peste (Jarinko Chie), réalisé en 1981, d’après le manga de Etsuki Harumi , et dont Takahata tirera ensuite une série TV. Petit chef-d’œuvre d’humour caustique, Kie, la petite peste est une parodie assez drôle de films de yakuza, qui donne la part belle aux chats virils (comme le pauvre Antonio, chat-fétiche de l’Oyabun, qui perd un testicule dans un duel…), tout à fait dans l’esprit du manga. Kie, la petite peste annonce à coup sûr Mes voisins les Yamada (1999), en moins “stylisé”, mais en plus drôle. Enfin, les amateurs de fantastique “hard” qui ont adoré le Ju-On de Shimizu Takashi, pourront aller voir son propre remake nippo- américain, The Grudge, soit la même histoire de maison maléfique à Tokyo, mais joué par des acteurs américains… Rien de très nouveau donc, mais tout de même un vrai sens de l’angoisse : âmes sensibles s’abstenir…
Une fois de plus, les nippo-cinéphiles ont l’embarras du choix devant une distribution pléthorique, qui sacrifie beaucoup à l’autel nippon…
Sore ja, mata,
Max Tessier
Kie, la petite peste de Takahata Isao
Le Château ambulant (Hauru no ugoku shiro), animé de Miyazaki Hayao (2004, 1h59). Distribution: Buena Vista International. Depuis le 12 janvier.
Kie, la petite peste (Jarinko Chie), animé de Takahata Isao (1981, 1h45). Dist. Wild Side Films. Le 9 février.
Tatouage (Irezumi), de Masumura Yasuzo (1966, 1h26). Dist. Zootrope.
The Grudge, de Shimizu Takashi, (2004, 1h30. Dist. Metropolitan Film Export.