“Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille!” Il n’y a bien que dans les chansons pour enfants que la pluie est abordée avec bonne humeur. Pour Benjamin Biolay, la saison des pluies évoque La Monotonie: “C’est la saison des pluies -Les paravents sont loin -Et la gouttière fuit -Et on décompte sans fin -Le temps imparti -Et la vie j’en conviens -C’est la saison des pluies -Avec la pluie en moins”. De mi-juin à mi-juillet, la saison des pluies encourage un grand nombre de Japonais à passer une partie de leur temps libre enfermés à la maison. L’humidité du dehors repousse. On ferme tout, on branche le climatiseur, à l’abri de cette pluie qui martèle en continu: bisha bisha. Pour rester positif on se dit qu’un peu de musique ne ferait pas de mal, alors on sort sa collection de CD. Pour une fois on prête attention aux paroles. Les mots ne sont pas que des sons. On fait défiler les titres. Et on s’étonne: c’est fou le nombre de chansons qui parlent de pluie! “Touché par la pluie du mélancolique mois de juin, je chante en m’imaginant une saison remplie d’amour” (Innocent world, Mister Children). “M’enfermant sous ce ciel couvert, la pluie annonce un été infernal” (Tsumetai natsu, Southern all stars). “Le son de la pluie sur les vitres résonne à dissoudre les lumières de la ville” (Tôkyô, Keisuke Kuwata). “Le nombre de jeunes qui se suicident augmente dans les villes. J’ai lu ça dans un coin du journal ce matin. Mais moi, ce qui m’embête, c’est qu’il pleut aujourd’hui: j’ai pas de parapluie. Je dois partir, partir te retrouver, traverser la ville mouillée par la pluie. La pluie froide d’aujourd’hui me transperce le cœur. Je ne pense plus qu’à toi.” Mélodies aidant, on finira par s’y faire, à cette pluie, enfin. Pierre Ferragut |