Après le (très médiocre) marathon cannois, où les films japonais n’ont guère fait de prouesses(1), trois films vont (peut-être) intéresser les nippocinéphiles parisiens, tout au moins ceux qui ne seront pas à Tokyo… Tout d’abord, un film assez mythique de la jeune réalisatrice taiwano-américaine (et internationale) Shu Lea Cheang, I.K.U., dont le titre original, plus qu’à double sens sexuel, dépasse le simple “orgasme” du sous-titre français. Sous le prétexte d’une fiction mêlant pouvoir et sexe, I.K.U. est une sorte de catalogue-installation (inégal) de pratiques sexuelles plus ou moins perverses, qui ne dépareraient pas certaines soirées toulousaines, où les pénétrations phalliques sont par exemple vues de l’intérieur (sic). Sous l’épais vernis body-tech, une plage érotique d’une impressionnante beauté plastique, agrémentée de “dialogues” en nippo-anglais du plus étonnant effet. Bref, un “ovni” esthético-sexuel rare, expression, au choix, d’une identité très forte de l’auteur, ou de la “décadence morale” récurrente du Japon post-Murakami. A voir plus que par simple curiosité malsaine… Aux antipodes de cet objet mal identifié, Le Royaume des chats (fausse traduction de Neko no Ongaeshi/La reconnaissance des chats), premier animé long de Morita Hiroyuki, sous les auspices de Miyazaki Hayao et du studio Ghibli. Adapté d’un conte-manga de Hiiragi Aoi, Baron-Neko no danshaku (Le Chat baron), cette fable féline, entre le Chat botté et la thématique miyazakienne, souffre hélas d’un graphisme paresseux, et surtout d’une animation plus que limitée, qui nous ramène des années en arrière. Ce qui aurait pu être un merveilleux conte fantastique, se révèle un film assez ennuyeux, peut-être même vis-à-vis du jeune public auquel il est d’abord destiné. N’est pas Miyazaki qui veut… Enfin sorti d’on ne sait où, Jû-Kyû (19) de et avec Watanabe Kazushi, également auteur du scénario, est un road-movie très (trop) influencé par un certain cinéma occidental, avec des références avouées à… Sergio Leone. Inspiré d’un fait divers, 19 extrapole vite pour devenir une fiction nourrie de pas mal de fantasmes juvéniles, en étirant le sujet du court-métrage original au delà du raisonnable. Watanabe Kazushi (qui joue le chef des kidnappeurs) est également un acteur, qu’on a pu voir dans l’effarant Visitor Q de Miike Takashi. Toute une tendance du “jeune” cinéma japonais actuel, qui n’est sans doute pas la meilleure, qui recycle un certain nombre de clichés. Voilà, c’était la chronique d’été. Bonnes vacances, avec ou sans films, et à la rentrée. Sore ja, mata Max Tessier |
I.K.U de Shu Lea Cheang (1) Akarui mirai (Un avenir radieux), film plutôt déconcertant et inabouti de Kurosawa Kiyoshi, a été assez mal accueilli par la presse. Sojyu (Shara) de Kawase Naomi un peu mieux, mais aucun des deux n’a reçu de prix dans cette édition très insatisfaisante du festival. Finalement, ce fut le surréaliste et déjanté Gozu, de l’inévitable Miike Takashi (à la Quinzaine des réalisateurs), qui fit impression, tandis que l’hyper-laid Interstella 5555 de Yamamoto Reiji et du groupe Daft Punk est tombé à plat…
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