![]() Même si le film n’affiche pas ouvertement un ton anti-japonais-raciste (le temps efface tout, et le Japon est l’allié des USA aujourd’hui), il transforme toutefois la défaite amère en levier pour la victoire finale: “J’ai peur que nous ayons réveillé un géant endormi”, dit solennellement l’amiral Yamamoto après l’attaque. En fait, la véritable “morale” du film est plutôt: “Ces enfoirés de Japonais ont dérangé la vie amoureuse de nos GIs, ils méritent donc une bonne leçon!”. Voilà comment on réécrit l’Histoire à l’usage de la génération Big Brother ou Loft Story, sur fond de patriotisme sexuel triomphant. Entaché d’erreurs historiques, déséquilibré dans sa narration à double vitesse (alors que son modèle, “Titanic” avait réussi à mêler habilement love-story et film-catastrophe), Pearl Harbor a tout de même été fraîchement accueilli par la critique américaine, notamment par le New York Times, qui paraphrase la fameuse citation de Churchill, en écrivant: “Jamais tant de gens auront autant dépensé pour si peu!” (Cf Libération du 06/06/01). Il parait que le public japonais aura droit à une version très légèrement édulcorée du film, gommant ce qui pouvait être “insultant”. Mais gageons qu’il aura droit aussi à l’intégralité de la romance à l’eau de rose qui enrobe le film d’une épaisse nappe de sucre candy. Plutôt indigeste pour tout le monde (sauf pour les ados américains?). Sore ja, mata, Max Tessier. PEARL HARBOR, film américain de Michael Bay, avec Ben Affleck (3 heures). Sortie le 6 juin en France. |
