il est parfois difficile de comprendre pourquoi les médias acceptent de se faire les “complices” du pouvoir plutôt que de relater les faits. On se souvient qu’en janvier 1992, le malaise du président américain George Bush à Tokyo n’avait pas été présenté à la télévision japonaise à la demande du ministère des Affaires étrangères. Un an plus tard, ce sont les journaux américains qui ont annoncé le mariage entre la jeune Owada Masako et le prince héritier dans la mesure où les médias japonais avaient accepté de ne divulguer aucune information concernant la famille impériale. Les exemples de ce genre sont nombreux et ont suscité au cours des dernières années plusieurs débats, y compris au sein même des institutions de la presse. C’est justement sur les liens ambigus entre les médias et le pouvoir que Laurie Anne Freeman a concentré son attention dans un remarquable ouvrage publié par Princeton University Press. Dans Closing the Shop, Information Cartels and Japan’s Mass Media, elle démonte l’ensemble des mécanismes au travers desquels l’information transite avant de parvenir devant les yeux des lecteurs ou aux oreilles des téléspectateurs nippons. Les Clubs de la presse (Kisha club) ou encore les associations professionnelles sont autant de filtres qui permettent aux détenteurs du pouvoir de limiter l’accès à l’information. Néanmoins ce que l’auteur n’aborde pas, c’est la remise en cause par les journalistes eux-mêmes de cet ordre des choses. Une tendance qui participe de la profonde mutation que subit actuellement le pays. Odaira Namihei |