On parle toujours du Japonais plutôt travailleur et lève-tôt, symbolisé de façon caricaturale depuis des années, et ce malgré la perte de vitalité de l’économie nippone et les bouleversements sociaux qui en découlent, par le salary-man ou la OL des innombrables spots publicitaires pour boissons vitaminées, ces remontants de la première heure qui vous assurent soit-disant une pêche d’enfer pour toute la longue journée de labeur qui vous attend. S’il est des Japonais insensibles à ce genre de matraquage médiatique et finalement bien loin de cette image du citoyen matinal toujours d’attaque, c’est bien cette catégorie de jeunes que l’école répugne et qui préfèrent vivre la nuit. Pas étonnant d’ailleurs que les médias parlent du syndrome de la chouette pour ces collégiens ou lycéens qui passent leur temps devant leur console de jeux vidéo ou à déambuler hors de chez eux jusqu’à une heure bien avancée de la nuit. Etant donnée la relative sûreté des villes japonaises, ils n’hésitent pas à faire de la rue leur espace de détente, s’alimantant dans les konbini, sortes de supérettes de quartier ouvertes 24 heures sur 24. Sans but précis, ils trainent pour le plaisir sans se soucier du temps qui passe et encore moins de ce qu’on peut penser d’eux, cherchant simplement à fuir le regard des adultes. Le problème, c’est qu’avec un tel décalage horaire, il leur est souvent impossible de se lever le matin pour aller à l’école. Le réveil a beau sonner, ils dorment à poings fermés : gussuri. Pierre Ferragut |