Parmi les grands faits divers qui ont défrayé la chronique dans le Japon d’après-guerre, l’affaire de la Banque impériale occupe une place particulière. L’empoisonnement de seize employés d’une succursale par un homme se faisant passer pour un médecin a mobilisé l’opinion pendant des années, y compris après l’arrestation et la condamnation à mort de Hirasawa Sadamichi, le principal suspect. En choisissant de faire parler tous les protagonistes de cette histoire, y compris les morts, David Peace apporte une autre dimension à l’enquête et aux différentes théories qui l’ont entourée. Il convie le lecteur à participer à cette quête de la vérité qui nous échappe en permanence. La vérité n’existe pas. On a beau ressusciter les morts et les faire raconter leur histoire, on n’est pas plus avancé. On comprend seulement que dans la ville occupée tout s’entremêle, tout se fait et se défait en fonction des intérêts de l’occupant. D’ailleurs ce dernier n’a que faire de la vérité. Elle ne l’intéresse pas et il n’en veut pas. David Peace nous rappelle ainsi que plus de 60 ans plus tard, l’histoire se répète. La situation n’a guère changé. La vérité fait toujours peur dans la ville occupée qu’elle se nomme Bagdad ou Tokyo. Tokyo ville occupée est sans doute l’un des meilleurs roman de la rentrée. Une bonne leçon d’histoire signée par un grand auteur. O. N.