En 25 ans, le groupe a su s’imposer sur la scène nippone grâce à un son original. Il tente désormais d’emballer l’Europe.
Musique métisse par excellence, le ska s’est développé dès les années 1960 en Jamaïque, essentiellement autour de la musique d’un groupe incontournable : The Skatalites. Le genre marie le mento (le folklore à danser local) avec le jazz et le RnB “découverts” sur l’île avec la présence des soldats américains à Kingston pendant la Seconde Guerre mondiale. Son typiquement jamaïcain à sa naissance, le ska a très vite continué à se métisser au contact du reggae qui s’est développé en parallèle à la Jamaïque, mais aussi en s’exportant très largement à l’étranger. Le groupe britannique Madness le fera connaître dans le monde entier au début des années 80. Au Japon, le ska est porté depuis 25 ans par un groupe emblématique : Tokyo Ska Paradise Orchestra (TSPO).
TSPO s’est formé, en 1985, autour d’un noyau dur de musiciens qui s’étaient connus au lycée : Asa-chang, Oki Yûichi, Kawakami Tsuyoshi, Gamo, Yanaka Atsushi et Hiyamuta Tatsuyuki. En un quart de siècle d’existence, le groupe a connu un succès jamais démenti au Japon et hors des frontières de l’Archipel. Il a aussi connu les aléas de la vie d’un groupe avec le départ d’Asa-chang dans les années 1990, l’accident de Hiyamuta Tatsuyuki, en 2008, qui l’a éloigné de la scène ou encore l’arrivée de nouveaux musiciens. L’énergie dégagée sur scène comme sur les platines par le TSPO, elle, est restée intacte, comme si le cocktail de cuivres, basse, guitare et percussions ne devait jamais s’arrêter de faire danser.
En vingt-cinq ans et une vingtaine d’albums, TSPO aura largement contribué à implanter le ska au Japon. En introduisant une touche de variété japonaise rétro (le kayôkyoku de l’ère Showa), en ajoutant un zest d’Asakusa au son de Kingston, TSPO a parfaitement réussi à donner une couleur tokyoïte au genre. La reconnaissance au Japon a d’ailleurs été au rendez-vous : concerts aux allures de fête populaire, découverte du ska par le grand public nippon, présence régulière dans les grands médias depuis deux décennies. La publicité télévisée n’hésite pas non plus à emprunter la musique du groupe, la diffusant auprès d’un public de plus en plus large.
Le public européen connaît lui aussi Tokyo Ska Paradise Orchestra en raison des concerts donnés, ces dernières années, dans de nombreux festivals : Solidays, Eurockéennes ou Dour en Belgique… A chaque fois, le public est séduit, chamboulé. “Ce qu’on aime en Europe, c’est que le public est totalement libre. Il crie, chante, danse, comme s’il était lui-même sur scène. Ça nous amuse et nous emporte complètement”, confie l’un des membres du groupe. “Aux Eurockéennes, nous avons eu un rappel alors que le groupe suivant attendait. Pour nous, c’est un souvenir inoubliable, une forme de récompense”, ajoute-t-il. Le groupe souhaite poursuivre sa carrière européenne plus loin. “Nous sommes considérés comme un jeune groupe en Europe. Nous souhaitons du coup tourner dans encore plus de villes. Nous ne sommes encore jamais allés à Marseille par exemple. Nous voudrions aussi collaborer avec des artistes européens !”.
Yoko Yamada
Photo : Le Tokyo Ska Paradise Orchestra revient en France avec un nouvel album disponible chez Modulor.
DISQUE: LE BEL OUVRAGE DE COCCO
Envoûtante, la voix de Cocco l’est assurément. Passionnée, la musicienne originaire d’Okinawa l’est aussi. Deux atouts que l’on retrouve dans ce nouvel album d’où se dégagent une énergie et une grâce étonnantes. On ne reste pas insensible à l’écoute d’un disque aussi bouleversant et prenant. En artiste expérimentée, elle a mélangé diverses influences musicales pour nous livrer une œuvre où l’on retrouve aussi bien des sonorités okinawaises que des riffs de guitare dignes des meilleurs groupes de hard rock. Chaque morceau est une surprise qui nous enchante.
Emerarudo (Speedstar/Victor).