Les villes vous ennuient. Vous ne voulez même pas vous rendre à Kyôto ou Nara, ces cités historiques auxquelles les guides touristiques accordent tant de place à juste titre certes, mais qui finissent par occulter d’autres richesses au Japon. Parmi tous les trésors de l’Archipel, il convient de citer la région du Tôhoku qui regroupe les préfectures d’Akita, Aomori, Fukushima, Iwate, Miyagi et Yamagata. En mai 1936, le Petit guide du Japon édité par la Direction générale du tourisme, Chemins de fer du gouvernement japonais présentait le lac Towada comme un “joyau”. Plus de 70 ans plus tard, le lieu mérite toujours sa réputation. Situé au nord de la préfecture d’Akita, le lac et ses alentours constituent un point de départ idéal pour tous ceux qui souhaitent renouer avec la nature. Outre les croisières sur cette immense étendue d’eau entourée de forêts qui, selon les saisons, offrent des symphonies de couleurs allant d’un vert profond l’été au rouge sang l’automne. Non loin de là, on peut également profiter des sentiers le long des 14 kilomètres du torrent de la montagne Oirase qui offrent un spectacle saisissant. L’eau et la montagne sont omniprésentes dans cette région. Elles réservent de très nombreuses surprises au voyageur comme dans la région de Shirakami située à cheval entre Aomori et Akita. Au milieu de la forêt, on découvre Aoike, un étang dont la couleur bleutée changeante, est un émerveillement pour les yeux. Rien que pour cela, on se dit qu’on a parfois bien raison de vouloir fuir les zones urbaines dont la capacité à étonner est souvent très limitée. Alors laissons-nous envoûter par le Tôhoku. Claude Leblanc |
DR A l’automne, le lac Towada (ci-dessus) est un feu d’artifice de couleurs. Flâner le long des sentiers de l’Oirase (en haut, à droite) réserve de bien belles surprises pour l’amateur de la nature à l’instar d’Aoike (à droite).
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PRATIQUE : Il n’y a pas de vols directs entre Paris et Sendai. Il faut donc transiter par Tokyo, Nagoya ou Osaka et emprunter les lignes intérieures. Mais le Japon est avant tout le pays du train. Voyager par le rail est un pur plaisir. Avant de partir, pensez à vous munir du fameux Japan Rail Pass vendu entre 28 300 yens et 57 700 yens selon la durée. Celui-ci vous permet d’em-prunter ensuite gratuitement les principales lignes de chemin de fer et donc de parcourir le Tôhoku. Si vous ne souhaitez vous rendre que dans cette région, il existe le JR East Rail Pass moins cher (de 20 000 yens à 32 000 yens selon la durée). Au départ de Tokyo, il vous suffit d’emprunter le Tôhoku Shinkansen, le train à grande vitesse, qui vous ménera à Sendai ou Morioka selon le but de votre voyage. A partir de ces deux grandes gares locales, vous avez la possibilité d’emprunter de petites lignes. Ainsi pour vous rendre à Matsushima et ses deux cents îlots plantés de pins, prenez la Tôhoku Honsen jusqu’à la gare de Matsushima Kaigan. De là, vous n’aurez qu’à vous laisser entraîner dans la baie à la découverte de trésors architecturaux comme le petit temple de Godai-dô ou le Zuigan-ji. Inutile de s’en priver. |
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Ceux qui prétendent que les Japonais ne savent pas s’amuser peuvent rentrer chez eux ou simplement décider d’aller voir de leurs propres yeux ce dont sont capables ces hommes et ces femmes qui aiment se rassembler et faire la fête. Dans le Tôhoku, les festivals sont nombreux et variés. La plupart d’entre eux ont lieu en été à la fin du mois de juillet ou au début du mois d’août. Créés à l’origine pour célébrer les moissons, ils restent encore aujourd’hui très vivaces. Citons par exemple le festival Nebuta à Aomori qui a lieu chaque années du 2 au 7 août. A cette occasion, la ville est envahie par d’immenses figures en papier-mâché qui représentent des personnages issus du kabuki ou de la mythologie. Si vous n’avez pas la possibilité de vous rendre à Aomori pendant l’été, il est possible de visiter le musée de Goshogawara, au sud-ouest d’Aomori, où l’on conserve les Tachineputa, de remarquables sculptures géantes en papier. Un peu plus au sud encore sur la Mer du Japon, la péninsule d’Oga est célèbre pour ses Namahage, sortes de monstres qui au Nouvel an se rendaient dans les maisons à la recherche des enfants qui n’étaient pas sages. Le musée qui leur est consacré à Oga vaut le déplacement. On y retrouve toute une tradition riche de plusieurs siècles. Les amateurs de danse iront plutôt dans le vieux quartier de Niigata, plus au sud encore, à la recherche de geishas ou de maiko qui les raviront par leur grâce. | Au musée des Tachineputa (ci-dessus) de Goshogawara et Kotoe (à droite), une des geishas de Niigata. Un masque de Namahage. On en trouve des centaines au musée d’Oga. |
PRATIQUE: Les hôtels comme les restaurants ne manquent pas dans cette partie du Japon. Ce serait faire injure aux hôteliers et aux restaurateurs que de désigner tel ou tel plus qu’un autre tant la qualité de l’accueil et de la nourriture est à faire pâlir la plupart de nos champions français. Néanmoins, ceux qui feront une halte à Matsushima seraient bien inspirés de goûter la spécialité locale de quenelles de poisson (sasa kamaboko) ou de brochettes de calamar. Et puis, n’hésitez jamais à vous arrêter dans l’une des très nombreuses stations thermales de la région comme Naruko Onsen. Vous comprendrez alors peut-être l’importance du bain pour les Japonais. Prenez par exemple Koganezaki Furôfushi Onsen, littéralement la source thermale grâce à laquelle on ne vieillit pas et on ne meurt pas. Située à environ 90 minutes de Goshogawara sur la Mer du Japon, cette station thermale a ceci d’unique que ses bains sont implantés en plein air au bord de la mer. Parfois les vagues viennent lécher le bord du bain et on a l’impression de faire corps avec la nature. Une expérience inoubliable que l’on conclura par une bonne nuit de sommeil dans une des chambres de l’hôtel aux allures modestes à proximité du site. |
L’un des deux bains en plein air de Koganezaki Furôfushi Onsen |
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Si vous comptez faire un régime pendant votre séjour dans le Tôhoku, il vaut mieux renoncer à vous y rendre tant vous serez tenté par la cuisine riche et variée de cette région. Célèbres pour leur riz, les préfectures de Niigata et d’Akita le sont également par leur production de sake. Il est possible de visiter certaines fabriques comme à Sendai. Vous y découvrirez le subtil mélange entre l’eau et le riz. Côté nourriture, les amateurs de poisson et de fruits de mer seront particulièrement gâtés. Outre la multitude de plats proposés dans la plupart des restaurants et hôtels locaux, on est souvent interpellé par le raffinement avec lequel les mets sont présentés. Avant même de mettre nos sens gustatifs sens dessus dessous, les plats de poisson, de coquillages ou de nouilles offrent un spectacle ravissant pour nos yeux. A Hiraizumi, dans la préfecture d’Iwate, on se régalera des plats à base de mochi, gâteau de riz. Au marché aux poissons de Teradomari, non loin de Niigata, le visiteur aura la surprise d’y découvrir toute sorte de variétés de poisson qu’il pourra ensuite déguster dans l’un des nombreux restaurants locaux. |
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PRATIQUE : A Sendai, le sanctuaire Osaki-Hachimangû est l’un des trésors nationaux du Japon. Construit en 1100 et transféré à son emplacement actuel par Date Masamune (1567-1636), le grand seigneur du nord, c’est un très bel exemple du style Momoyama. Au nord de la ville, il y a bien sûr Matsushima. En poussant un peu plus haut, on découvrira le parc national de Rikuchû Kaigan, un des plus beaux décors marins du pays, qui s’étend sur 200 kilomètres. On appréciera également dans la préfecture de Niigata, le musée de la culture du nord implanté à Somi dans une immense et magnifique ferme du XVIIIème siècle où l’on tourne encore des films en costume sans oublier le village de Yahiko célèbre notamment pour son sanctuaire. |
Le sanctuaire de Yahiko, dans la préfecture de Niigata. |