Depuis plusieurs semaines, les médias japonais, la télévision en particulier, consacrent de nombreux reportages à la crise de l’agriculture japonaise. Ils s’interrogent sur la possible disparition des paysans au Japon. Il est vrai que la plupart des exploitations agricoles, dont la superficie moyenne est de 1,3 hectare dans l’Archipel contre près de 40 hectares en France, sont dirigées par des personnes âgées qui n’ont plus la force ni l’envie de moderniser leur moyen de subsistance. A tel point que certains produits essentiels comme le riz, y compris des variétés japonaises très réputées, sont désormais importés. Paru au Japon en 2002, Les Fils de la terre (Tsuchi no ko), un manga en trois voulmes de Môri Jinpachi et Hataji Hideaki, s’intéresse à cette question importante, en rappelant aux lecteurs combien il est indispensable pour le Japon de disposer d’une agriculture digne de ce nom faute de quoi le pays risque peut-être un jour de devenir “un gigantesque archipel de la faim”. Pour éviter d’en arriver là, le gouvernement japonais confie à un jeune bureaucrate, ancien rugbyman, et un peu idéaliste la mission de convaincre une grande partie des diplômés des lycées agricoles de se tourner vers l’agriculture plutôt que de chercher un petit boulot en ville. La tâche s’avère donc délicate, mais le jeune Natsume Shuntarô ne manque pas de ressources ni d’humour pour accomplir son travail. Ce manga fort bien documenté permet de plonger dans l’univers de la province au Japon avec ses pesanteurs mais aussi tout son charme. Avec l’œuvre de Abe Shinichi, le lecteur pénètre dans une autre dimension. Fini le grand air de la campagne. L’heure est au confinement, au repli sur soi. Publié sous forme de feuilleton au début des années 1970 dans la fameuse revue Garo, ce manga intitulé Les Amours de Taneko (Kanashimi no sedai) a pour but de raconter la vie sexuelle d’une jeune femme. Mais très vite, le récit prend des chemins de traverse et subit des transformations liées à l’état physique de l’auteur. Le trait lui-même évolue au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Roman graphique avant l’heure, ce superbe manga permet de découvrir la palette de cet auteur dont on a déjà pu lire d’autres œuvres notamment chez Philippe Picquier. La sexualité est également au centre du second volume de l’anthologie de nouvelles japonaises contemporaines que les Editions du Rocher nous proposent en cet automne 2007. De Sakaguchi Ango à Nakagami Kenji, les huit nouvelles réunies dans ce recueil permettent de comprendre comment les Japonais de la seconde moitié du XXème siècle ont vécu leur sexualité. Avec des textes parfois explicites et d’autres plus poétiques, le lecteur part à la découverte de la société japonaise sous un angle plutôt inattendu mais qui illustre parfaitement la richesse de la littérature japonaise dont on a encore beaucoup à découvrir. De son côté, Casterman continue à sonder l’univers de la bande déssinée. Après La Montagne magique de Taniguchi Jirô, l’éditeur présente Hipira, une œuvre originale de Otomo Katsuhiro et Kimura Shinji. Les aventures colorées de ce vampire raviront les petits et les grands qui sont transportés dans un univers extraordinaire où les auteurs ont laissé libre cours à leur imagination. Un pur moment de plaisir. Claude Leblanc |
Les Fils de la terre, vol. 1, de Môri Jinpachi et Hataji Hideaki, trad. par Adrien Tchou, coll. Akata, éd. Delcourt, 2007, 7,50€ |
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