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Société : MAUVAIS PLAN |
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On ne connaît pas leur nombre exact, mais on sait aujourd’hui qu’ils sont de plus en plus nombreux. Ceux que la presse japonaise présente comme les “réfugiés des cafés Internet” (Netto kafe nanmin) deviennent un sujet d’intérêt car ils illustrent les difficultés rencontrées par une part croissante de la population japonaise. L’expression désigne les personnes qui effectuent des séjours de longue durée dans ces boutiques ouvertes 24h/24, offrant un accès à Internet et la possibilité de consulter des collections de manga. Voilà pourquoi on connaît aussi ces lieux sous le nom de Café Manga (Manga kissa). C’est notamment à Akihabara que ces lieux ont pris leur envol au début des années 2000, permettant à la jeunesse branchée de se connecter au réseau des réseaux ou de passer des moments agréables en compagnie de personnages de bandes dessinées. Composés de cabines individuelles dans lesquelles on trouve un ordinateur et un fauteuil très confortable, les Cafés Manga ont vite attiré une autre population désireuse de trouver un espace de repos faute de pouvoir rentrer chez elle ou tout simplement faute de disposer d’un toit. Pour moins de 1500 yens [9 euros], les gens peuvent y passer la nuit au chaud et même prendre une douche. Une récente étude a montré que les trois quarts de leurs clients y dorment souvent. “Ça fait deux ans que je vis comme ça. J’ai un contrat précaire qui ne me permet pas de louer un appartement”, explique une jeune femme qui fait partie de cette nouvelle catégorie de réfugiés que l’on croise à Akihabara et qui montre que la fracture sociale se creuse au Japon. C. L. |
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Entretien : MOMOI HARUKO, VEDETTE DU MOUVEMENT OTAKUUE |
Figure
incontournable du monde du manga et de l’anime, Momoi Haruko est représentative de cette population qui fréquente assidûment Akihabara. Elle vient de publier Akihaba Love, comment nous avons grandi à Akihabara [éd. Fusôsha, 2007]. |
Par rapport à d’autres lieux de la capitale, qu’est-ce qu’Akihabara représente à vos yeux ? M. H. : C’est avant tout un lieu de rencontre avec des objets et des individus. Quand j’étais enfant, je n’avais pas la permission d’aller me balader dans les rues avec mes amis. Mais comme j’étais très curieuse, je partais seule à la découverte de la ville. J’ai parcouru Shinjuku et Shibuya, mais c’était des quartiers faits pour les couples. En revanche, Akihabara était vraiment un lieu pour les personnes seules. C’est vrai que ces derniers temps, on y voit de plus en plus de couples. Que retenez-vous de votre expérience à Akihabara ? La culture otaku est Dans la mesure |
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