A l’occasion de la sortie d’Amer Béton, le réalisateur américain Michael Arias, installé au Japon depuis les années 1990, nous parle de son adaption de l’œuvre de Matsumoto Taiyô.Pourquoi avoir choisi de réaliser l’adaptation d’un manga de Matsumoto Taiyô pour votre premier long métrage ?
Michael Arias : En fait, la réalisation est bien la dernière chose que j’aurais aimé faire. J’ai toujours adoré rester en arrière plan, attelé à un aspect précis de la chaîne de production. Travailler avec un bon réalisateur est extrêmement excitant, mais dans le même temps, j’ai vu tant de réalisateurs souffrir de leur travail… Et puis, il y a eu cette histoire, frappante, vraie, sincère. Il m’a semblé important de l’adapter. Avec du recul, il me paraît aujourd’hui logique que ce soit la personne la plus obsédée par le sujet qui ait été chargée d’en donner une vision globale dans ses aspects autant techniques qu’artistiques.Le studio 4C est connu pour son approche décalée de l’animation. Amer Béton en est l’illustration. Pensez vous que le public occidental soit prêt pour un tel objet cinématographique ?
M. A. : En France, je pense qu’on devrait lui réserver un bon accueil. Le public français présente une culture du film d’animation et de la bande dessinée qui va au-delà des stéréotypes. La BD est considérée ici depuis longtemps comme une forme d’art à part entière, et en terme d’animation, la France a produit de très beaux films. D’ailleurs, mon œuvre d’animation préférée reste La planète sauvage de René Laloux [réalisé en 1973 et prix spécial du festival de Cannes la même année]. Voilà pourquoi je pense que des films animés un peu bizarres comme le mien sont bien reçus en France. Aux Etats-Unis, la perception de l’animation japonaise et des manga est beaucoup plus restreinte et on continue à estimer que ce domaine culturel ne peut s’adresser qu’aux enfants. Dans Amer Béton, l’animation penche souvent vers une certaine forme d’art abstrait, en particulier vers la fin. Le spectateur se retrouve ainsi ballotté entre rêve et réalité. Pour ce genre d’effet, le medium du film d’animation est particulièrement adéquat. Malgré tout, n’importe qui devrait pouvoir apprécier ce film. Le message est très universel et l’histoire reste finalement assez classique.
Le ton déjà violent du manga d’origine semble jouir d’une surenchère dans cette adaptation.
M. A. : Il est vrai que la violence peut être vu comme un problème dans les films d’animation car c’est un aspect très facile à développer. Graphiquement, elle peut être extrêmement stylisée et cela donne de belles scènes. Cela dit, la question de la violence a été récurrente durant la réalisation de ce film et nous avons coupé beaucoup de scènes présentes dans le manga. On peut donc dire que le film est moins violent que la version originale mais du fait du mouvement, de la couleur ou encore du son, la violence a aussi plus de poids dans le film que dans le manga.
Michael Arias : En fait, la réalisation est bien la dernière chose que j’aurais aimé faire. J’ai toujours adoré rester en arrière plan, attelé à un aspect précis de la chaîne de production. Travailler avec un bon réalisateur est extrêmement excitant, mais dans le même temps, j’ai vu tant de réalisateurs souffrir de leur travail… Et puis, il y a eu cette histoire, frappante, vraie, sincère. Il m’a semblé important de l’adapter. Avec du recul, il me paraît aujourd’hui logique que ce soit la personne la plus obsédée par le sujet qui ait été chargée d’en donner une vision globale dans ses aspects autant techniques qu’artistiques.Le studio 4C est connu pour son approche décalée de l’animation. Amer Béton en est l’illustration. Pensez vous que le public occidental soit prêt pour un tel objet cinématographique ?
M. A. : En France, je pense qu’on devrait lui réserver un bon accueil. Le public français présente une culture du film d’animation et de la bande dessinée qui va au-delà des stéréotypes. La BD est considérée ici depuis longtemps comme une forme d’art à part entière, et en terme d’animation, la France a produit de très beaux films. D’ailleurs, mon œuvre d’animation préférée reste La planète sauvage de René Laloux [réalisé en 1973 et prix spécial du festival de Cannes la même année]. Voilà pourquoi je pense que des films animés un peu bizarres comme le mien sont bien reçus en France. Aux Etats-Unis, la perception de l’animation japonaise et des manga est beaucoup plus restreinte et on continue à estimer que ce domaine culturel ne peut s’adresser qu’aux enfants. Dans Amer Béton, l’animation penche souvent vers une certaine forme d’art abstrait, en particulier vers la fin. Le spectateur se retrouve ainsi ballotté entre rêve et réalité. Pour ce genre d’effet, le medium du film d’animation est particulièrement adéquat. Malgré tout, n’importe qui devrait pouvoir apprécier ce film. Le message est très universel et l’histoire reste finalement assez classique.
Le ton déjà violent du manga d’origine semble jouir d’une surenchère dans cette adaptation.
M. A. : Il est vrai que la violence peut être vu comme un problème dans les films d’animation car c’est un aspect très facile à développer. Graphiquement, elle peut être extrêmement stylisée et cela donne de belles scènes. Cela dit, la question de la violence a été récurrente durant la réalisation de ce film et nous avons coupé beaucoup de scènes présentes dans le manga. On peut donc dire que le film est moins violent que la version originale mais du fait du mouvement, de la couleur ou encore du son, la violence a aussi plus de poids dans le film que dans le manga.
Propos recueillis par Anh Hoà Truong
A noter que les éditions Tonkam publient en un volume Amer Béton de Matsumoto Taiyô dans une traduction de Takahashi Hiroshi. Une œuvre coup de poing qui vaut le détour. 27,50euros.