Les pigeons parisiens, accusés notamment de salir le patrimoine architectural de notre capitale, ne sont pas vraiment aimés. Au Japon, et plus précisément à Tokyo, ce sont les corbeaux qui sont l’objet d’une hostilité grandissante. Leur présence parmi les hommes ne date pas d’hier, mais c’est surtout au cours de l’époque de la bulle économique qu’ils ont commencé à se multiplier de façon inquiétante. L’augmentation du volume d’ordures ménagères est en effet une des principales raisons de la prolifération de ces volatiles noirs. Et c’est qu’ils ne se contentent pas de prendre d’assaut les déchets de la ville, d’éventrer les sacs en plastique pour en répandre le contenu sur la chaussée : sous prétexte de l’absence d’ennemi naturel direct, ils considèrent l’homme comme une menace permanente et certains d’entre eux n’hésitent pas à passer à l’attaque. On sait que les corbeaux de Tokyo dorment en groupe. Attaquons donc le mal à la racine et détruisons un maximum de nids ! C’est ce qu’avaient dû proclamer les responsables du “projet corbeau” mis en place en septembre 2001 face à la montée du nombre de plaintes des habitants de la capitale. Des centaines de nids ont ainsi été détruits, des produits toxiques ont été utilisés pour tuer les petits. La guerre entre les Tokyoïtes et ces bêtes à plumes envahissantes est encore en cours. Aucune réponse n’a encore véritablement été trouvée pour éradiquer le problème. La seule solution serait que les Japonais se décident enfin à mettre leurs ordures dans des poubelles, et non pas à même la rue, histoire de leur couper les vivres. Mais les mauvaises habitudes, une fois que le pli est pris… Alors continuons de surveiller au dessus de nos têtes, j’entends d’ailleurs croasser : kaa kaa.
Pierre Ferragut