Prêt à entendre un pet ? Puuuu. Pourquoi pas. Toutefois, sans rentrer dans les détails, je peux vous assurer que la souplesse de la langue japonaise permet d’improviser presque tout autant d’onomatopées évoquant un pet que de façons sonores dont l’être humain a l’habitude de se débarrasser de ses gaz encombrants. Mais avant de continuer, je tiens à préciser, ô chers lecteurs, que non, je ne sombre pas dans la vulgarité, et que, si de prout il est effectivement question, ce n’est que dans le but de vous faire pénétrer dans la société nipponne au plus profond de son intimité, cette dimension du quotidien des Japonais où, comme le reflètent bon nombre de mangas, la scatologie a sa place au même titre que tous les clichés qui continuent encore aujourd’hui d’obstruer notre connaissance de l’Archipel et de ses habitants. Souvenez-vous d’ailleurs, de la poésie que dégage le tendre et si amusant film d’Ozu Yasujirô “Bonjour”. Preuve par un maître qu’il n’y a pas de sujet tabou. Mais pourquoi en parler maintenant, à cette saison qui évoque plus volontiers le vent des derniers typhons de l’année que celui qui parcourt nos intestins? C’est qu’avec l’automne, les savoureuses patates douces (satsuma imo) occupent le devant de la scène gastronomique. Nourrissantes et plutôt bon marché, elles sont appréciées de diverses façons. Cuites telles quelles à la vapeur, elles font le bonheur de millions de Japonais, alimentant tout autant de tubes digestifs dont les inéluctables flatuosités amusent leurs auteurs et dégoûtent leur entourage. Pierre Ferragut