Le chat miaule, le chien aboie, la vache meugle, l’éléphant barrit, le lion rugit. Et l’oiseau ? Il chante. Rien que ça. Entre le pigeon qui roucoule, le corbeau qui croasse, le hibou qui hulule et le merle qui siffle, nos oreilles ont de quoi s’extasier. Mais même avec tous ces verbes, roucouler, croasser, hululer et bien d’autres encore, le français est souvent bien en peine à exprimer le chant des oiseaux. “Dis, maman, ça fait comment un hibou? —Ça hulule, mon chéri. —C’est quoi hululer, maman ? —Ecoute… le cri du hibou, la nuit, tu sais bien: houuu! houuuuu!… —C’est comme le loup, alors, maman ?” Pas très convaincant tout ça. Alors qu’en japonais il y a les onomatopées, encore et toujours. Omniprésents, ces véritables clichés sonores prêts à servir pour mieux rendre compte de l’instant, jouent sur les sons pour faire correspondre un son à un son. Rien de plus logique en somme. Le seul problème, c’est que le japonais est une langue relativement pauvre phonétiquement, et qu’aux oreilles d’un Français la transcription japonaise du chant du coq, par exemple, peut facilement prendre des airs de détournement. A vous de juger: kokekokkô !… Mais ce sont justement ces décalages sonores qui font tout le charme et toute la vivacité du chant des oiseaux en japonais. Et l’inimitable rossignol, au chant si mélodieux et si subtil, ne fait pas l’exception. Inspirez, partez en douceur sur la première syllabe en la laissant bien traîner, retenez votre souffle une fraction de seconde pour ensuite avaler les trois dernières syllabes en un seul coup en montant d’un ton sur le “ke”: ho- hokekyo. A défaut d’être un vrai rossignol, vous êtes un vrai Japonais !