Une récente enquête révélait que la plupart des hommes japonais ne participaient guère aux tâches ménagères, laissant ce soin aux femmes dont la principale mission, selon eux, est de tenir la maison. Or les Japonaises sont de plus en plus nombreuses à travailler et sont également de moins en moins enclines à accepter d’endosser le rôle de la bonne quand elles ont choisi de se marier, ce qui est de plus en plus rare de nos jours. Face à cette situation pour le moins cocasse, les industriels nippons réfléchissent à la façon d’alléger le travail ménager de la population en imaginant toutes sortes de solutions. En attendant le robot humanoïde dont les premiers prototypes développés par Honda et autres Matsushita laissent entrevoir un bel avenir pour les récalcitrants du balai, la société Takara vient de mettre sur le marché “Roomba”, un appareil automatique dont la particularité est de laver le sol en l’absence des occupants du domicile. Grâce à des capteurs, cette petite machine se déplace dans les pièces en les nettoyant. Lorsqu’elle rencontre un obstacle ou qu’elle s’approche d’un escalier, elle change de direction. Et si vous ne souhaitez pas qu’elle lave votre chambre par exemple, pas de problème. Takara fournit un accessoire qui crée un mur virtuel à l’entrée de la pièce que vous ne voulez pas voir être nettoyée. Nul doute que cet objet aura du succès avec son faible encombrement, son petit prix et ses 90 minutes d’autonomie qui lui permettent de traiter 2 à 3 pièces. La mise au point de cette petite machine traduit les changements opérés dans les foyers japonais depuis deux décennies. Alors qu’à la fin des années 1980, il était encore difficile de trouver des lave-linges semblables à ceux que l’on pouvait rencontrer dans la plupart des maisons occidentales, obligeant les Japonaises à passer des heures et des heures à faire la lessive, la décennie qui vient de s’écouler a été l’occasion de remiser toutes ces vieilleries pour laisser la place à de nouveaux produits bien plus modernes et plus avancés que ceux disponibles en Occident. En moins de dix ans, le Japon est passé de l’âge de pierre à l’ère post-industrielle dans le domaine ménager. Le vieillissement de la population n’est pas non plus étranger à cette évolution dans la mesure où les personnes âgées (les plus de 65 ans représentent 25 % de la population) vivent isolées de leur famille et ne disposent pas toujours d’assistance à domicile malgré les efforts accomplis ces derniers temps dans ce secteur. Pour les Japonais, il est désormais presque vital de posséder des machines susceptibles d’accomplir des tâches quotidiennes auxquelles ils n’ont plus le temps ni parfois la santé de s’y consacrer. Commercialisé au prix indicatif de 39 800 yens [309 euros], “Roomba” va sans doute envahir de nombreux foyers de l’Archipel, en particulier dans les villes où celles à qui revenait la charge de faire briller les planchers ont bien d’autres chats à fouetter, comme aller apprendre à danser la rumba!
Odaira Namihei |
“Roomba” de Takara |