Les Japonais sont fiers de leurs saisons. Ils en ont bien quatre comme chez nous, et ce sont les mêmes. La subtilité est ailleurs. A chaque changement de saison, ils adoptent spontanément un mode de vie différent, adapté aux conditions climatiques du moment. Alimentation, tenue vestimentaire, literie, mobilier, tout est passé en revue. Avec l’hiver, le nabe (fait-tout pour plats mijotés) est à l’honneur dans les cuisines, on empile des futons supplémentaires la nuit, le kotatsu (table basse chauffante surmontée d’une couverture molletonnée) ne débranche plus, secondé parfois dans sa lutte contre le froid par un tapis électrique tout aussi appréciable quand on passe la plupart du temps le derrière par terre. Et toute la culture populaire (chanson, cinéma, manga, jeu vidéo, télévision, etc) paraît se focaliser sur les thèmes propres à la saison: la panoplie de l’hiver se déverse en images, slogans publicitaires et autres refrains. Les Japonais l’ont bien compris: chaque saison regorge de charmes, autant qu’il en faut pour faire oublier les petits tracas qui cohabitent. Et ce ne sont pas quelques parcelles de routes verglacées, quelques trains retardés ou quelques pistes d’aéroport fermées qui pourront le contredire.
Finalement, la seule raison de rouspéter ici à cette saison, c’est peut-être le niveau des installations de chauffage. Tant qu’on se chauffera au climatiseur, on n’empêchera pas les gens d’éternuer à qui mieux mieux: hakkushon!
Pierre Ferragut