Le base-ball a beau être un des sports les plus médiatisés au Japon, il faut avouer que l’engouement pour le football ne fait que croître depuis une dizaine d’années. Les jeunes en particulier délaissent un base-ball trop “conformiste”, pour le dynamisme et l’“inventivité” du football. Les footballeurs, depuis le célèbre Nakata Hidetoshi, sont ainsi devenus de véritables stars. La première ligue de football professionnel japonais a été créée en mai 1993. En dix ans, le football japonais s’est peu à peu fait une place: participation à la Coupe du monde de France, vainqueur de la Coupe d’Asie des Nations de Football, ou encore co-organisateur de la Coupe du Monde 2002 avec la Corée, le Japon veut s’imposer. Le Français Philippe Troussier, qui dirige l’équipe nationale, semble pouvoir lui en donner les moyens, même s’il lui reste encore de gros progrès à faire. La Coupe du Monde pourrait permettre un essor tant sportif qu’économique. Ainsi, à cette occasion, plusieurs villes et régions du Japon, comme Narita et Tôkyô se préparent, se parant de décorations et banderolles célébrant la Coupe du Monde. Certaines villes espèrent, en accueillant une équipe, pouvoir booster l’économie locale, en se faisant de la publicité dans le monde entier. Toutefois, il faut savoir que les organisateurs ont dépensé 571 milliards de yen (5 milliards d’euros), soit trois fois plus que la France en 1998. Ces dépenses auraient permis au Japon d’améliorer la qualité de ses infrastructures sportives. Mais la Coupe du Monde pose beaucoup de problèmes financiers: le climat économique ne permet pas l’obtention aisée de fonds. Les camps d’accueil coûtent une fortune, si bien qu’on en arrive à compter sur les dons de la population. Et puis, le vrai problème réside dans le fait que cet événement ne rapporte qu’aux sponsors, soit 11 firmes japonaises, qui ont payé de 1 à 5 billions de yen à la FIFA pour avoir ce privilège. Les petits n’ont pas le droit d’utiliser l’événement pour améliorer leurs affaires, ils n’ont pas le droit d’utiliser les logos, ou quoi que ce soit qui ait un rapport avec la Coupe. La FIFA a strictement limité l’utilisation des marques des événements aux sponsors et municipalités qui accueillent les rencontres (10 stades au total). Une association qui voulait distribuer gratuitement du thé vert glacé s’est vue contrainte d’abandonner son projet. Ceci touche même les agences de voyage, qui ne peuvent ni organiser de tours, ni réserver hôtel ou billet d’avion aux détenteurs de places pour la Coupe (seule une agence affiliée à la FIFA peut s’en occuper). L’impact économique de la Coupe du Monde 2002, ainsi limité à certains secteurs, risque donc d’être bien réduit. Malgré tout, la Coupe du Monde reste synonyme d’espoir. C’est avant tout un excellent moyen de relancer les échanges entre Japon et Corée. De plus le JAWOC (Japan Organising Committee for the FIFA World Cup Korea/Japan) soutient la campagne “Say yes for children” d’UNICEF, à travers l’alliance FIFA/UNICEF. Les supporters sont vivement encouragés à soutenir UNICEF. Enfin, pour faire face à la demande sans précédent de places, JAWOC organise le projet “Wings of a dream”. Ce projet est une performance symbolique, à laquelle tous pourront participer : chacun inscrira ses voeux et souhaits sur des papiers pour origami spécialement imprimés pour l’occasion, puis réalisera un pliage en forme de grue, symbole de paix et de longévité. Tous les papiers seront lancés à la finale du 30 juin, dans le stade de Yokohama, sur les champions et les spectateurs… Un message d’espoir pour le futur. Laure Pointereau* Pour en savoir plus: *Après un BTS en arts appliqués, étudiante en japonais à l’Université d’Orléans. |