Autre film d’horreur moderne, RING 2 (sortie le 20 mars), de Nakata Hideo, succède logiquement à RING 1, mais avant RING 0, dont le récit précède les deux autres parties, dans une exploitation prévisible du succès commercial du film (et du livre de Suzuki Kôji) au Japon. Le petit Yoichi, seul survivant de la “malédiction de la cassette”, en compagnie de la curieuse mathématicienne Takano Mai, doit encore affronter le fantôme tenace de l’horrible Sadako, murée dans son puits depuis trente ans… Comme toujours, le réalisateur Nakata Hideo, aidé de son compositeur Kawai Kenji (post-Takemitsu) travaille dans l’horreur feutrée et technique (télés déréglées, magnétoscopes diaboliques, bande-son crissante, etc). Ambiance garantie pour un bon film du genre qui a renouvelé le classique “Bake-mono” issu du Kabuki depuis des siècles. Plus ambitieux, et moins “accessible” est évidemment le nouveau film de Kore-Eda Hirokazu, Distance, présenté en compétition à Cannes 2001, avec des réactions mitigées, et oublié au palmarès (sorti le 27 février). A sa manière, douce et allusive, en se refusant à tout effet “sensationnel”, Kore-Eda (Maboroshi no hikari, After Life) tente d’exorciser les démons d’une secte non précisée, mais qui évoque bien sûr celle d’Aum Shinrikyo, à travers les souvenirs entrelacés (avec parfois une certaine confusion narrative qui rend le film un peu obscur) de quatre survivants d’une action suicidaire de leurs compagnons, à l’occasion de l’anniversaire de l’événement mortel. Le plus beau moment de ce film attachant et trouble, bien mis en scène, est sans doute celui où le petit groupe se perd dans la forêt, marquant l’entrée symbolique d’un long exorcisme moral et esthétique. La vision du film demande évidemment des efforts d’attention (pas comme Versus!). Enfin, il faut absolument recommander aux fans d’Imamura de ne pas manquer la sortie, tardive mais néces-saire (le 13 mars) d’un de ses anciens films inédits, L’évapo-ration de l’homme (NINGEN JOHATSU, 1967). Dans ce film superbe, en noir et blanc, parfois insaisissable, mais passionnant, Imamura Shôhei est un détective-cinéaste qui, à la demande d’une femme, part à la recherche de son mari disparu (un certain Mr Oshima!) à travers le Japon. C’est l’époque où Imamura expérimentait, et où, sous le couvert du documentaire (“documenteur”, dirait Agnès Varda) remettait en question la notion même de vérité au cinéma. La fin prend d’ailleurs ses distances avec le réalisme et transporte le film dans une dimension inattendue. A voir absolument, l’esprit disponible, et prêt à l’aventure. |
L’évaporation de l’homme de IMAMURA Shohei (1967) |