Quel est à votre avis le plat préféré de tous ces futurs étudiants, du moins prétendants, lors des examens d’entrée universitaire au Japon? Le katsudon, ou le tonkatsu, ou encore le katsukare: Peu importe, c’est le katsu (homonyme de “gagner”) qui compte. Pour ces Japonais si souvent superstitieux, c’est du meilleur augure, un avant-goût de leur réussite si désirée. Mais jusqu’à la dernière épreuve, aucun relâchement n’est permis. Attention à ce que l’on peut dire ou faire sur le campus en se rendant aux différentes salles de classe où tout se joue. La langue japonaise est en effet bourrée d’homonymes qui dans de telles situations peuvent avoir des conséquences désastreuses sur le moral des candidats. Le verbe ochiru, selon le contexte, signifie aussi bien “tomber” qu'”échouer”. Pour peu qu’il y ait du verglas ce jour-là… Je repense avec pitié à cette fille absorbée dans ses révisions, un cahier dans les mains, qui laissa malencontreusement tomber celui-ci à terre alors qu’elle descendait de son bus et venait de faire son premier pas sur le campus. «Tombera pas plus bas!» que je pensais, pauvre ignard. Il a dû résonner longtemps dans sa tête, ce cahier porte-malheur, dans un pasah inattendu. Et là où je m’en veux presque, c’est de pousser le vice à immortaliser l’instant sur le papier par ce dessin et cette onomatopée. Surtout qu’à l’heure où vous lirez ces lignes, les résultats seront déjà… tombés. Inconnue au cahier farceur, je prie pour ta réussite.
Pierre Ferragut |